J’ai des amis qui sont ensemble depuis plus de dix ans, et ça m’impressionne. J’ai toujours été fascinée par ces relations-là. Ça me cloue toujours le bec, lors de nouvelles rencontres. Il y a toujours un couple, dans le party, qui dure depuis le primaire. Et tout le monde est ben relax avec ça.
Moi, je capote. Je n’en reviens pas! D’abord, il faudrait les acclamer! Les applaudir, leur payer des shooters, les serrer dans nos bras! Il faut les chérir, leur faire attention, comme si, après dix ans, ils pourraient se fragiliser… Mais non, ils ne sont pas comme ça, eux. Ils sont invincibles.
Ils sont un peu devenus comme des frère et sœur : il y a une assurance claire dans leur relation. Comme s’ils avaient perdu la clé du cadenas qui les unissait pis que c’était même pas grave. Genre qu’ils ne se souviennent plus quand ils l’ont perdue, tellement les années ne comptent plus. Pour moi, la durée du couple a toujours été beaucoup plus… anniversaire. Disons que j’ai toujours compté. Les jours, les heures, les mois, les années. Et ensuite, les années depuis qu’on n’est plus ensemble, combien de temps ça aurait fait, alouette! Perdre le fil, ce n’est pas mon genre. Je ne laisse rien au hasard.
La vérité, c’est que ça m’angoisse. Ne vous faites pas d’idées : je trouve ça super beau, l’amour-qui-dure-toujours. J’ai envie d’encourager ce projet-là. Je me suis mariée pour voter pour ce projet-là! Mais au quotidien, dix ans… Quinze ans? J’ai peur.
J’ai peur parce qu’on ne connaît pas les prévisions météorologiques, les tremblements de terre qui s’en viennent peut-être, les tempêtes sournoises, les maladies qui ne guérissent pas. On ne sait pas ce qui s’en vient, et je ne peux pas fermer mes yeux si c’est moi qui tiens le volant. Je suis game de lever les bras à La Ronde, mais pas dans ma relation. Je ne peux pas lâcher le guidon de mon vélo, comme à 9 ans. Parce qu’à 9 ans, la vie semble tellement longue devant.
Mais aujourd’hui, moins. Je pense qu’il ne faut pas abandonner l’idée de l’amour éternel, mais il faut ouvrir les yeux. Juste un peu. Pour voir le regard de celui que tu aimes, mais le tien aussi, dans le miroir. Comme après avoir soufflé ses chandelles : on ouvre les yeux, pour voir si notre rêve se réalise.
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