Boomerang

T’es pas un homme, t’es un boomerang. Chaque fois que tu reviens, j’ai l’impression que je dois te lancer un peu plus loin pour être certaine que tu ne reviennes plus. Pourtant, tu finis toujours par revenir, un peu plus fort. Incapable de t’attraper au vol et te relancer immédiatement, tu me jettes par terre et le temps que je me relève, il est trop tard. Chaque fois, tu me laisses une petite cicatrice de plus. Chaque fois, je me dis que je n’arriverai jamais à complètement me défaire de toi. Tu utilises le vent et ma force à mes dépends.

L’espoir m’épuise.

Je ne sais plus comment danser, j’essaie de suivre ton rythme, mais il est si irrégulier, que je me pile sur le cœur chaque fois. Ce n’est pas censé être comme ça. Tu compliques tout. Si t’as si peur, si t’es si hésitant, arrête de me revenir. J’essaie d’avoir la force de ne pas être là pour t’attraper, mais l’espoir d’une histoire entre nous me donne toujours le rebond pour me relever.

J’ai hâte de pouvoir simplement t’accrocher au mur, avec les autres boomerangs. Te garder comme un simple souvenir qui ne peut plus venir me frapper quand je ne m’y attends pas.

Je sais que je suis responsable de tes retours parce que je te laisse revenir chaque fois, parce que je te relance chaque fois. Je sais que c’est moi qui ai le contrôle sur toi, boomerang. Mais t’es comme une machine à sous pour un joueur compulsif; et si cette fois c’était la bonne…

Le jeu du boomerang m’épuise.

Ton jeu me fait perdre plus d’énergie que j’en ai à donner. Pourquoi ne peux-tu pas rester là où je te lance? Pourquoi ne peux-tu pas garder la distance que j’essaie de créer entre nous? Il y a tellement de joueuses disponibles pour toi, des joueuses qui ne te relanceront pas. Avec qui ton jeu sera plus simple qu’avec moi. N’es-tu pas épuisé toi aussi? L’énergie que tu mets chaque fois à me revenir, est-elle éternellement renouvelable?

Tu as peur de quelques mots, tu as peur de rester dans mes mains. As-tu peur d’y brûler? Jamais je n’oserais te brûler. Tu as peur de finalement dire que c’est ce que tu veux. Chaque fois tu restes pour un peu plus longtemps, mais tu finis toujours par te consumer et je dois te relancer parce que c’est toi qui finis par me brûler les mains.

Ton absence est aussi lourde que ta présence.

Dans tes absences, tu continues d’aller jouer au boomerang ailleurs. Tu n’es jamais prêt à te reposer, toujours envie d’être dans les airs et libre. Dans tes présences, tu t’assures de simplement me frôler, mais un frôlement suffisant pour me donner un frisson sans fin.

Et quand tu n’es pas là, je t’entends quand même au loin. J’entends le son que tu fais dans les airs. Je le sais que tu vas finir par revenir. Tu reviens toujours. Et quand tu reviens, mes mains doivent se faire douces et rassurantes pour ne pas te faire peur. Mais mes mains ne sont pas toujours douces, elles tremblent. Mes jambes auraient envie d’écouter ma tête et de fuir ta présence. Mes bras, eux, ne veulent que t’attraper une fois de plus, en espérant que tu ne les quittes plus.

Mais tu les quittes, toujours. N’es-tu pas épuisé de toujours jouer? Moi, oui.

 

[Source de l’image: Boomerang par Ghost of Electricity

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