Ce que mon grand-père m’a appris

J’ai envie de parler de la relation que j’avais avec mon grand-père et de ce que j’ai vécu à travers et avec lui. De son vivant, y’a que du bon. De son décès, y’a un long deuil qui s’en est fait. J’ai pour mon dire que mon grand-père a toujours été mon meilleur ami. Il était même plus que ça, plus qu’un grand-papa. Il a été pendant les 21 années que je l’ai connu une source d’inspiration, une véritable machine à bonheur.

Mon grand-père, il me préparait des tranches de pain beurrées avec des gouttes de ketchup dessus. C’est quelque chose de weird que j’aime et que je fais encore aujourd’hui, en pensant à lui.

Chaque soir, il s’installait dans son salon, déposait sa tasse à café sur son réchaud et jouait à Styx sur la Vidéoway. Ça m’arrivait souvent de dormir chez lui, sur un matelas que ma grand-mère me préparait dans le salon. Tsé un lit tellement confortable que t’oublies que c’est un matelas de sol pliable. Le matin, je devais manger pas moins de trois bols de Frosted Flakes en me levant. Chaque fois que j’allais le voir, il me donnait un dollar. Moi, je les accumulais. Cet argent, je l’ai encore aujourd’hui; il dort dans des parts permanentes chez Desjardins.

Mon grand-père, il m’appelait toujours grand-fils. Il m’a appris la galanterie et les bonnes manières que j’applique aujourd’hui auprès des femmes. Lui-même était très galant auprès de ma grand-mère et il lui lançait des compliments chaque fois qu’il était possible de le faire. Un « vous êtes très jolie » par-ci ou encore, un simple « mon amour » par-là. C’était cute à voir et ça respirait le bonheur. C’était mon modèle, et les manières qu’il utilisait auprès de ma grand-mère sont le genre de petits gestes qui m’ont permis de devenir la personne que je suis aujourd’hui. 

Mon grand-père, il nous a quittés il y a huit ans et il manque à beaucoup de monde. Il manque beaucoup à ma mère. Elle et moi avons eu beaucoup de peine lorsqu’il est parti, tout comme à mon père et à ma soeur. Lorsqu’elle m’a appris la nouvelle, je revenais du Cégep. Je venais de passer une vraie journée de marde, et ma soirée se préparait à être pire. En rentrant, elle m’a demandé de m’asseoir; elle devait me parler. Je me rappelle avoir croisé le regard de mon père, qui laissait sous-entendre que la nouvelle que ma mère s’apprêtait à me dire n’en était pas une très bonne.

Paf.

Mon coeur s’est cassé en deux. En quatre. En mille de millions. En des morceaux tellement p’tits que je n’arrivais pas à me retenir de pleurer lors du service à l’église. Ça m’a démoli. Encore aujourd’hui, après huit ans, je trouve ça dur.

La famille du coté de ma mère s’est cassée en deux. En quatre. En mille de millions. En des morceaux tellement p’tits qu’il semble impossible aujourd’hui de les recoller. Ça m’a démoli. Encore aujourd’hui, après huit ans, tout comme ma mère, je trouve ça dur. Je sais que les événements ne datent pas d’hier, mais d’elle, mon grand-père doit être si fier.

Mon grand-père, c’était un grand homme qui nous a quittés beaucoup trop vite, même si c’est la faute de personne. La vie donne, la vie reprend, point. J’entretiens peu ou plus de communications avec l’une des branches de ma famille, mais ça ne veut pas dire que je ne les aime plus pour autant. Je suis, comme plusieurs, ce que l’on peut appeler une cellule neutre.

Aujourd’hui, si c’était possible de m’asseoir quinze minutes sur un banc de parc avec lui, j’aimerais lui demander comment il a rencontré ma grand-mère.

Je pourrais vous en raconter beaucoup encore, mais du meilleur de mes souvenirs, je vais terminer là-dessus : tel grand-père, tel grand-fils.

[Source de l’image : Old photos in the wooden box par Karolina Grabowska]

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