Comme des enfants

«Hey, t’sais, c’est pas juste un trip

Ce soir ta voix résonne encore dans ma tête. Ça faisait longtemps que je ne l’avais pas entendue, la maudite. Ta petite voix qui sonne tellement bien quand elle dit plein de niaiseries. Pis quand elle chuchote mon nom, aussi.

Nos beaux souvenirs remontent à la surface. On était tellement sereins dans toute notre complexité. Comme si notre situation impossible nous faisait apprécier encore plus tous ces p’tits moments passés à faire rien d’autre que de se regarder. Pour fuir la réalité, on préférait enlever nos souliers pis jouer aux enfants dans la rivière derrière la maison de tes vieux. Pas qu’on croyait pas en nous, pour ça, y’avait aucun doute! Toi et moi on aurait pu se rendre au bout du monde à pied si on nous avait laissés. Mais dans tes yeux, je voyais la route incertaine de tes promesses. On était sincères dans nos intentions, sans savoir si on pourrait un jour couler quoi que ce soit dans le béton. Mon cœur t’était tout ouvert, mais la distance a fait son travail : les kilomètres ont bouffé notre histoire tout rond.

Ça fait longtemps que je n’ai pas souri à travers nos silences complices. Longtemps que je n’ai pas entendu tes larmes tomber sur tes joues quand nos tounes résonnent dans la pièce. Longtemps que je n’ai pas vu le ciel devenir plus gris sur la route vers Montréal.

Montréal, mon Dieu que je t’ai haïe.

 

***

 

Deux ans après s’être parlés au téléphone tous les soirs en cachette, après avoir écrit mille poèmes sur notre histoire digne des plus beaux romans d’amour pis après m’être dit que j’avais enfin trouvé l’amour, t’sais le vrai qui te vire à l’envers. Deux ans après ça, je faisais encore la route, des fois, pour me blottir dans ton lit trop p’tit. Chaque quelques mois, on décidait qu’on laissait nos vies respectives en arrière le temps d’un week-end dans notre bulle d’amoureux pas settés.

Mais la vie c’est pas juste une fin de semaine parfaite tous les trois mois, à l’abri de tout. L’amour c’est pas être triste toute l’année pis être heureuse juste une fois par saison. L’amour ça ne peut pas être nous. Pas à des kilomètres. Pas comme ça.
« C’est plate ça. »

Oui, t’as bien raison : c’est plate, ça.

 

[Source de l’image :  Jordan Whitt]

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *