Comme un tourbillon de lumière

Arthur habite seul depuis que Marine l’a quitté. Il écoute des séries sur Netflix le soir, question de se changer les idées. La rupture date seulement d’il y a trois semaines, mais pour lui, c’est comme si c’était hier que le monde s’est écroulé. Ça a éclaté, et Marine n’en pouvait plus. Elle prit ses choses puis elle s’en est allée, une remarque de trop qui a fait sauter le bouchon.

Marine, c’est le genre de fille qui passe dans ta vie comme un tourbillon de lumière. Un phénomène tellement rare qui brille au point de t’aveugler. Belle et attachante, le genre que tu regardes profondément dans le blanc des yeux, dans lequel tu veux t’y voir longtemps.

Arthur, c’est un bon gars, un brillant. Le genre de gars proche de ses sentiments. Il a beaucoup d’amour à offrir et sait comment faire plaisir. C’est aussi le genre qui, quand ça va mal, prend un bain et fixe le plafond. Le genre de plafond que tu regardes profondément pour y voir des souvenirs suspendus dans le temps.

Comme la première fois où ils se sont embrassés. C’est un moment qu’il se rappellera toute sa vie. Entre autres parce que c’est l’un des plus beaux souvenirs qu’il possède, mais aussi pour le contexte dans lequel ça s’est passé. Arthur avait déjà un petit kick sur Marine avant que, par erreur au travail, les deux ne se retrouvent coincés dans le petit entrepôt de fournitures de bureau.

La poignée de porte brisée, le concierge absent,
nos futurs amoureux prirent le temps d’un instant,
pour se regarder de près, dans le fond blanc des yeux,
illuminant la pièce d’une lueur de mille feux.
Dans l’ivresse du bien-être, suspendu dans le temps,
deux coeurs qui dansent le temps d’un court instant.
Suspendu à ses lèvres, les yeux flippant derrière,
une connexion créée par un tourbillon de lumière.

Cette dispute a éclaté comme une bombe à retardement. Elle a éclaté parce qu’Arthur accumulait les petites frustrations de Marine. Ces petites frustrations-là, elles ont la puissance de réduire en un rien le souvenir d’une poignée de porte brisée et d’un concierge absent. Un tourbillon de lumière, c’est quelque chose qui peut être très beau et très laid à la fois, qui réagit en fonction des sentiments et du temps. Ce qui n’est pas connu de tout le monde, c’est qu’un tourbillon de lumière laisse sur son chemin une traînée de poussière. Plus les sentiments sont puissants, plus la traînée se fait présente. Ce qui fait retomber la poussière, c’est le temps. Parfois c’est court et parfois c’est long, ça dépend.

Une fois la poussière retombée, Marine se reproche d’avoir fait une erreur, d’avoir pris de mauvaises décisions. D’avoir remplacé de la poussière blanche par de la poussière noire sous l’effet de l’impulsion. Elle retourne chez Arthur pour recoller les morceaux et lui faire ses excuses. Elle tente de l’appeler, mais aucune réponse. Dans son bain les oreilles sous l’eau, Arthur n’entend que le bruit vide de l’eau. Marine arrive sur le pas de sa porte.

Elle ravale son orgueil.
Il respire profondément.

Elle frappe à la porte.
Il immerge sa tête sous l’eau.

Un timing calculé, mal tombé.

La tête submergée, perdu dans ses pensés, Arthur ne l’entend pas frapper à la porte. Le coeur de Marine, battant la chamade au rythme d’une deuxième chance, produit une traînée de poussière frayant son chemin au travers la serrure de la porte pour terminer sa course au-dessus d’Arthur. Et dans l’ivresse du bien-être, suspendu dans le temps, Arthur ressent deux coeurs qui dansent le temps d’un court instant.

[Source de l’image: Pixabay]

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