Comment avouer ses dettes à son amoureux?

En traversant les années, on accumule un bagage émotif. Notre passé est chargé de nos expériences amoureuses, relationnelles, personnelles, heureuses ou moins. Quand on débute une nouvelle relation, on dépose nos valises et lentement, on s’installe.

La mienne était un peu lourde. J’ai été blessée, avant. Mais il y avait quelque chose d’autre, de pire: des dettes.

À l’université, j’étudiais les doigts croisés pour trouver une solution. Je m’apitoyais sur mon sort en maudissant tous les adultes que je connaissais de ne pas m’avoir prévenue que le crédit, c’est mal. Je me revoyais manger au resto en riant fort et je me trouvais conne. Je regardais mon beau diplôme et je me trouvais ridicule.

J’étais gênée.

Cette semaine, j’avais un rendez-vous à la banque. Ça m’a pris 20 secondes de courage pour demander à mon mari de m’accompagner. Je n’osais pas le regarder dans les yeux.

Assise dans le bureau le plus beige au monde, je tremblais de honte. La madame fronçait les sourcils devant mon crédit : «Vous avez un 7», qu’elle me dit. Demi-soupir de soulagement : «C’est bon? 7 sur 10, c’est ben correct».

«Non, madame. C’est nul, 7.» Même si c’est le chiffre parfait de la création de l’univers, même si c’est celui que tu dis toujours à ta nouvelle fréquentation quand la question du nombre de partenaires amoureux se pose. Je n’aurais pas d’étoile dans mon cahier.

Quelques minutes plus tard, on sortait du bureau, soulagés. La madame en avait vu d’autres; mon cas ne l’inquiétait pas. Mon mari a pris ma main. Tout irait bien.

Quand j’aurai tout remboursé, que restera-t-il de celle que j’ai été?

[Source de l’image : Keep an eye on your money de PhotoGraham]

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