Une efface pour Noël

J’ai déjà supplié le Père Noël de m’offrir un chum. Mais vu que c’était mon oncle déguisé, mes amoureux n’ont jamais été exactement comme je les imaginais.

Petite, je découpais minutieusement des jouets dans le catalogue Sears pour les coller sur une grande feuille blanche. Je recevais presque toujours les cadeaux de ma liste.

Cette année, deux couples de ma famille se sont brisés. Un oncle et une tante ont perdu leur conjoint dans les tourments de l’amour. Ils semblaient pourtant être tellement fusionnels qu’ils faisaient presque douter les aînés ; c’est elle ou lui qui est vraiment dans ma famille, de sang là ? Ainsi, on a passé Noël avec deux nouvelles personnes; le chum de ma tante et la blonde de mon oncle. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à ceux avec qui on célébrait tout, avant, et dont nous ne parlerons qu’à voix basse, maintenant. L’effet de leur absence sur moi était foudroyant. La rupture était donc un geste collectif ?

Je me suis rappelée mes ruptures à moi. En nous séparant, avais-je empêché ma famille de revoir ses beaux yeux ? Combien de personnes avaient été touchées de près ou de loin par la fin de notre relation? Quelques secondes avant une rupture, j’avais tendance à faire une liste rapide dans ma tête : Qui est-ce-que j’avais l’impression de laisser tomber, en cassant avec mon chum ?  Allais-je briser le cœur de ses cousines, m’ennuyer des blagues de son père, des soupers de sa mère ? Ma famille pleurait chaque fois que j’annonçais que c’était fini; ma grand-mère me demandait même de ses nouvelles,  chaque Noël…

Ce matin, j’ai découpé les moins beaux moments dans ma tête. Les fois où j’ai choisi de sortir d’une relation, même si elle durait depuis longtemps, même s’il était beau, même si sa sœur était vraiment cool.

J’ai pleuré, un peu. Par nostalgie, par peur, par égoïsme. Émue devant toutes les incertitudes et les imprévus de la vie qui roulent comme une boule de neige immense qui ramasse tout sur son passage.

Hier matin, j’ai appris qu’un de mes oncles, après 28 années d’amour avec ma tante, avait demandé sa main.

Comme pour effacer toutes les ruptures de la terre.

[Source de l’image: Citrus Erasers par adoephoto]

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