Je ne suis pas invincible

J’aurais aimé être comme toi. Calculée, froide et invincible. Mais je ne suis pas invincible. J’aurais voulu pouvoir te regarder faire tes sacs sans broncher, le menton haut et l’égo non-meurtri, mais je n’ai pas pu. Je suis vincible. Très vincible même.

Quand mes amies ont appris qu’on n’était plus ensemble, en voyant mes yeux hyper bouffis derrière mes lunettes de soleil blanches, elles ont poussé un soupir de soulagement. “On ne te reconnaissait plus.” À tes côtés, je changeais. Pour le mieux? C’est ce que je croyais. Tu repoussais constamment mes limites, me forçais à mes derniers retranchements. Tu me challengeais sur mes idées, sur mon emploi, sur mes façons de faire et de m’alimenter. “Trop de sucre, pas assez de protéines.” Tu étais ma drogue de la performance. Toujours plus, toujours plus vite, toujours plus loin. Habiter avec toi, c’était comme recevoir une piqûre d’adrénaline, chaque matin.

Mais dans ce tourbillon excitant, je me suis perdue. La fille douce, souriante, attentionnée, et joviale disparaissait sous la femme drivée, prête à conquérir le monde que tu me faisais devenir, sûrement sans t’en apercevoir. À force de toujours se faire remettre en question, on finit par penser qu’on vaut mieux que ce qu’on est. Boom! Adrénaline dans mes veines. Je peux faire mieux.

Et j’ai fait mieux. Pendant presque deux mois, je me suis surpassée. Je n’ai jamais été aussi active physiquement, j’ai décroché un emploi stimulant, j’ai avancé dans toutes les sphères de ma vie à vitesse grand V. Le problème, c’est que je me suis fait mal au passage. Émotionnellement et physiquement.

Quand tu es parti, comme ça, sans crier gare, tu m’as reproché cette attitude “je suis invincible”. Ce que tu n’as pas compris, c’est que ces choses et attitudes que tu me reprochais, elles venaient de toi. C’est bien normal, personne ne veut tomber en amour avec son reflet. Et c’est sûrement ce que je devenais, un reflet de toi. À force d’idéaliser quelqu’un, on veut parfois lui ressembler. Et les filles, on est pas mal de ce côté-là, se perdre par amour…

Je ne peux pas dire que je regrette complètement le temps passé avec toi. Car il m’aura au moins appris une chose : il est temps que l’adrénaline vienne de moi. Il est temps que je n’aie besoin de personne pour me motiver et avancer dans la vie. Et tu sais quoi? Bientôt je t’oublierai. Et j’oublierai peut-être aussi le sentiment d’euphorie et de bonheur complet que j’avais en ta compagnie. Et à ce moment-là seulement, je serai invincible à nouveau… parce que je serai Moi, tout simplement.

 

[Source de l’image: Superwoman in Justice league crisis on two earths par SolidSmax . ]

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