J’veux du nu

J’ai envie d’avoir du nu. Du nu doux, chaud et des fois moins doux. J’veux que demain, ce soit le même nu qui soit à mes côtés. Je veux du nu relationnel, pas occasionnel.

J’veux que le nu que j’aurai, j’vais l’avoir désiré, imaginé. J’veux pas du nu de première soirée. Quand ton corps va découvrir le mien, il va s’y coller, il en n’aura jamais assez. J’veux que ta nudité réchauffe la mienne.

J’ai envie d’un nu répétitif. Que tu ne te rhabilles pas tout de suite, que tu restes avec moi. Qu’on s’installe dans le lit, avec le laptop, qu’on parte Netflix et qu’on reste en cuillère à l’écouter, entrecoupé de nu actif et de nu inactif.

Du nu donné trop rapidement se reprend trop rapidement. S’il n’est pas désiré, il est vite oublié. S’il est désiré, il donne l’envie de recommencer. Pourquoi cette urgence? Un foyer brûle ses bûches rapidement, sans créer beaucoup de chaleur. Alors qu’un poêle prend son temps pour consumer son contenu et de là, se dégage une chaleur qui peut réchauffer une maison en entier pendant des heures. Plus on attend, plus on se réchauffe. Plus on ajoute des bûches, moins on a besoin de vêtements.

J’ai envie de ta nudité, mais je n’ai pas envie d’avoir froid demain matin. J’ai envie de ton nu, mais je risque de m’y attacher et de vouloir appeler ton nu le mien. J’ai envie de te donner le mien, mais je dois savoir si toi aussi tu vas vouloir l’appeler « le tien » un jour. J’ai envie que tu connaisses le nu de mon corps autant que le nu de ma tête.

Je n’ai pas envie de donner ce nu à des vagabonds qui cherchent à les collectionner, à trouver le meilleur. Le meilleur nu n’arrive que rarement les premières fois. Il doit être préparé, désiré et répété. Il se doit d’être patient, d’être communiqué et d’être guidé.

J’veux du nu entouré du drap pour aller faire le déjeuner et revenir dans le lit pour te surprendre. Coller ma nudité qui s’est refroidie un peu sur la tienne encore chaude. J’veux te faire frissonner et que tu n’aies qu’une envie : me réchauffer et laisser tomber ton déjeuner.

J’veux du nu, j’voulais du tien, mais tu voulais du occasionnel alors que je voulais du relationnel. J’ai le corps qui a envie de te dire oui, il le crie si fort qu’il passe par-dessus ma tête parfois. Mais mon corps se retrouverait trop rapidement laissé seul avec son oreiller en guise de chaleur plutôt que ton corps. J’veux partager des matins de nudité avec toi et même des après-midi complets, mais je vais m’attacher à ces moments autant qu’à toi. Je vais donc laisser tomber l’idée d’avoir du nu avec toi pour permettre à quelque chose de plus grand et encore plus beau de pouvoir venir se coller contre moi et consumer notre chaleur à deux.

J’aurai mon nu, j’aurai mon feu. Il sera seulement avec quelqu’un qui aura envie de revenir régulièrement remettre du bois dedans pour toujours le garder en vie.

 

[Source de l’image : Tumblr]

1 Comment

  • Stéphanie dit :

    Bonjour Isabelle,

    J’ai relu plusieurs fois votre article avant de vous écrire. Le dernier paragraphe résume tellement bien ce que je ressens….Il y a des rencontres occasionnels qu’on n’oublie pas, qui nous marque…et qu’on aimerait revivre…

    Merci pour ce texte
    Stéphanie

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