Le mariage, une étape vers le bonheur?

J’ai longtemps pensé que chercher l’amour, c’était injuste.

Mon profil sur Réseau Contact me donnait fière allure: juste assez désespéré pour pouvoir en rire; juste assez cool pour ne pas intimider les gars. Je voulais trouver celui qui avait, évidemment, un bel équilibre, comme moi…

J’ai une amie qui a le même chum, depuis la maternelle. Je l’ai tellement enviée. La vie était si simple pour les amoureux! J’étais obsédée par l’injustice du destin de l’amour, celui qui anéantit les petits espoirs et qui ne coupe jamais la tarte en parts égales. Le boutte du boutte, c’est qu’une fois mariée, j’ai commencé à feeler cheap pour les filles célibataires de mon entourage. 

Je sais, c’est insensé, mais je me suis beaucoup questionnée sur ma part de responsabilité dans tout ça. Comme s’il fallait vraiment souffrir pour être belle. Comme si manger une boîte de biscuits complète allait obligatoirement te faire sentir comme de la schnoutte. Comment ça se fait que même amoureuse, je n’étais pas entièrement libre et saine d’esprit?

Finalement, j’ai trouvé: c’était la pression.

La pression qui fait que quand tu es célibataire, tout le monde te parle de ta dernière date ; qu’après une rupture, tes amies te demandent si «t’es sûre que c’est pas de ta faute?»; qu’après un premier bébé, on te demande la date d’arrivée du prochain…

Bref, la pression qui peut t’empêcher d’assumer ton statut, quel qu’il soit. En anglais, il y a une expression parfaite pour décrire ce sentiment-là: shame shower. Une belle douche de reproches et de faux compliments. Un beau souper de famille où tous les gens autour de la table te regardent le ventre, en te faisant des clins d’oeil. Une belle promenade dans ton quartier qui se transforme en interrogatoire sur le futur de tes ovules.

Je suis fâchée. Autant brusquée par les faux compliments, «As-tu maigri?», que par les questions indiscrètes, «C’est tu moi ou tu fais pas d’efforts?». Je suis fâchée parce que ça diminue le truc que je vis pour le rendre plate ou pire encore, que mes beaux moments soient juste une étape, un barreau de l’échelle infinie qui mènera, peut-être, un jour, à un genre de bonheur durement gagné. Je suis fâchée parce qu’à tous les jours, je vois des filles baisser les yeux quand on leur demande si elles ont – finalement- rencontré quelqu’un. De les voir scruter leurs bottines, par gêne ou par honte, dans l’impression de ne pas être assez.

Et ça marche! Même avec moi, l’amoureuse incassable, qui y a cru depuis le jour 1, qui a essayé, s’est relevée et qui est finalement tombée amoureuse du gars le plus fort de la terre entière. Même moi, je me sens petite quand on me demande: «C’est quoi la prochaine étape?», comme si l’étape que j’avais franchie, il y a plus d’un an, n’était déjà plus satisfaisante. Tes matantes te le diront : c’est pas méchant, c’est juste pour te taquiner, choque-toi pas de même…

Il faut penser à l’amour. Celui qui fait qu’on aime nos amies, même quand elles font des erreurs. Le même amour qui rend les femmes enceintes d’une beauté incroyable. C’est cet amour-là, qui donne un glow; un espèce de rayonnement. Rayonnez, et vous n’aurez plus jamais à demander à quiconque «leur prochaine étape», parce que vous les aimerez, à chaque marche d’escalier.

 

[Source de l’image:Spiral staircase par ZeroOne]

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