Le meilleur cadeau de St-Valentin

Les matins de 14 février, j’avais les joues rouges. À mon école primaire, c’était une grande journée : celle où j’apprendrais qui veut être mon Valentin.

Maintenant que j’y repense, no wonder que j’ai continué de vouloir plaire, plusieurs années plus tard. J’enfilais ma plus belle robe et ma mère tressait mes cheveux. J’étais nerveuse comme mille, mais j’avais hâte de compter le nombre de cœurs sur mon bureau. Il y avait deux genres de valentins : les amis et les chums potentiels. Quand le gars avec qui tu joues toujours au ballon-poire t’envoie un valentin, il est ton ami. Quand le gars qui t’a lancé le ballon-chasseur trop fort dans les cannes à la dernière récré t’envoie un valentin, il est dans la deuxième catégorie. Et c’est bien celle qui compte! Les valentins amicaux, c’est les like de 1995; c’est la quantité qui importe plus que la qualité.

Alors je comptais, les mains moites et le cœur sur le speed. Évidemment, j’espérais lire son nom sur une des cartes. Et il l’était! Écrit tout croche, mais vu qu’on apprenait à écrire, ça ne gâchait pas le geste. Bonheur, bonheur. C’est simple, avoir 6 ans.

Plus j’ai vieilli, plus la St-Valentin est devenue lourde. Il n’était plus question de danger, de cœur qui bat vite, de chair de poule. Il n’y avait plus de cœurs découpés dans du papier de construction rose et rouge. Il n’y avait plus de matins stressés à recommencer les tresses douze fois. Il y avait des attentes, par contre, avec des airs de doorman marabout de Laval.

Chaque année creusait le fossé entre la première année du primaire et la vingtaine plate de déceptions et de culs-de-sac. Avons-nous toutes reçu une bague ou une boîte de chocolats maladroites, une St-Valentin ou l’autre? Je me souviens des cartes que je déballais avec empressement, pour finalement n’y lire qu’une signature en dessous des phrases toutes faites de Hallmark.

Roses are red

Violets are blue

Today is special

And so are you

Lourd de chez lourd.

Voici le secret le moins bien gardé de la Terre : ni moi ni aucune fille que je connais trippe sur les cartes et les bagues à la symbolique floue. Personne ne veut d’une bébelle à cent piasses ou de trois kilos de chocolat dans le tiroir de sa table de chevet. À la St-Valentin, on veut juste des mots. En tout cas moi, je voulais juste ça. Un « Je t’aime » bien senti, ça gagne tous les concours. Ça shift ben raide tous les cadeaux poches en velours rouge. Et c’est gratuit!

[Source de l’image : Faded flowers – Happy Valentines day par Ben Geach]

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