Mon premier superhéros

À chaque fête des Pères, je ne peux que penser à toi. Les pubs à la radio et à la télé, les hommages sur les réseaux sociaux… Partout, on nous parle de géniteur ou de proche masculin qui a gravité autour de nous. Très jeune, je te voyais comme un superhéros. Tu incarnais la force, la sagesse et la douceur. C’est ce que je connaissais de toi. Tu étais aidant dans ton emploi, courageux en tant que pompier volontaire et rassembleur pour les fêtes avec famille et amis. Tu ressemblais à un mélange du père dans le film Le petit monstre et Kevin Costner. Mes amies te trouvaient beau! Malgré tout ça, t’étais pas là. On habitait loin et sinon, tu avais beaucoup d’excuses. Pas trop d’implication. Mais tu faisais comme si tu nous connaissais.

Durant mes cours de psycho, j’ai compris qu’il n’y avait pas eu de monsieur proche de moi et que ma chère maman avait dû jouer les deux rôles. À force d’emmagasiner les déceptions, il est clair que ça a eu des répercussions sur mes relations amoureuses : faire confiance, accepter le refus et ne pas le transformer en rejet. J’avais alors tendance à repousser les autres, de peur d’être mise de coté. Grave? Non! La vie est source d’apprentissages. J’ai surtout compris, grâce à mon entourage, qu’un père protège, donne l’exemple, aime et fait tout pour ses enfants…

Comme tous les superhéros, tu avais ton côté sombre. Sombre, comme dans on n’y voit absolument rien. Le noir qui te fout la trouille, le noir qui te gruge. Le noir qui tue et qui détruit tous les gens autour. Alors, comme dans tous les films, vient le bout où on apprend ça! TATATAAAA! Pour nous, j’inclus ma soeur ici, ça été une source de délivrance. Sous ton emprise, on était juste pas bien. La gorge nouée, le ventre serré… on attendait toujours la prochaine fois où tu serais insatisfait et que tu nous en ferais part. Mais finalement, t’étais pas juste un mauvais père, t’étais une mauvaise personne. T’étais le Vilain, pas le superhéros. Un Hulk avec pas de sentiments, qui détruit tout, de peur d’être géant (merci, Pierre Lapointe).

Moi et la grande soeur, on est en fait des héroïnes! Merci à toi pour ça. Tu nous as fait surmonter l’insurmontable. À nos côtés, nous avons maintenant des hommes formidables qui nous aiment comme il se doit et nous supportent (même s’il y a parfois des rechutes et des incompréhensions). Mon amoureux me tient la main et me regarde avec tendresse quand je pleure devant un film où le papa est si gentil avec sa fille. Je me demande parfois comment j’aurais été si mon père avait été une autre personne.

J’aurais sûrement été différente, moi aussi. C’est l’effet papillon; en changeant un élément de notre vie, nous changeons forcément aussi. Alors je me résigne et je reste moi, avec tout ce bagage.

 

[Source de l’image: Negative Space]

 

 

1 Comment

  • Monalysa dit :

    Ok, juste Wow…. C’est beau et touchant. Il m’eriterait de voir ca et se rendre contre à quel point il était et est un con. Mais bon, qu’est-ce que ça changerait au fond… Tu es cent fois mieux sans lui. -xxx-

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