Nous étions presque heureux

Quand j’lève enfin les yeux, tout ce que j’vois du restant de notre relation, c’est tes clés sur la table de mon salon. Ton trousseau de clés, témoin d’une scène d’adieu un peu awkward. Un peu brusque.

Les clés.
De mon appartement.
Les clés d’un futur que je voulais partager à deux, mais qui va continuer à se conjuguer en solo.
Le presqu’amour qui va jamais se développer. Qui a été trop insécure. Pas assez ouvert. Trop peureux?
Il manquait une couple d’adjectifs entre nous pour que ça marche for real. J’pense bien.

J’ai pus à m’inquiéter de biens des affaires, maintenant.                                                   

Pus de billets allez-retour pour l’Île-des-Sœurs.

Pus d’heures à regarder des vidéos sur Youtube d’hippopotame affamé qui saute, re-saute et re-resaute dans l’eau.

Pus de samedi matin à bruncher au café Cherrier. Et rire du fait qu’on ne sera jamais assez célèbres pour que l’hôtesse arrête de nous snobber.
Mais on y retournait quand même. C’était rendu notre p’tite tradition.

Quand t’es parti, est-ce que t’as amené avec toi nos inside jokes? Es-tu parti avec les p’tits jeux qu’on a inventés à deux? Est-ce que tu me laisses au moins le souvenir de nos corps mêlés dans mon lit? Ou tu l’amènes avec toi? Comme le déo et la brosse à dent d’extra que tu laissais dans ma salle de bain, qui était jamais assez propre à ton goût.

« C’est fini ».

Ça sonne un peu comme une sentence. Une peine de mort.
Ben oui, parce que des fois, l’amour ça meurt. Des fois, ça ne dure pas.
Ou ben, ça a juste jamais eu la chance de vivre.

Donc prends ta guitare. Celle avec qui tu charmeras les autres. Avec les mêmes chansons que tu me chantais.
Et moi, j’écrirai à propos du prochain qui me fera rire.

Le Musée des beaux-arts aura toujours de nouvelles expos.
Le Farine Five Roses va continuer d’briller.
Pis j’vais continuer de respirer. Même si ça sera un peu plus difficile.

Mais là, j’suis fatiguée. Mes joues roses qui goûtent salées vont aller se recoller sur mon oreiller.
Pis quand j’serai prête, d’autres omoplates prendront la place que toi t’avais.

[Source de l’image :  perdu – clés par Sandrine SAINT UPERY]

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