Je n’avais jamais fait de camping de ma vie, jusqu’à la semaine passée.
On était en Gaspésie, il faisait beau, le fleuve semblait infini et mon mari ne me lâchait pas la main; j’avais le feeling que je pourrais être une fille de plein air, tout d’un coup.
Un soir, le magnifique endroit où on dormait accueillait une exposition de photos ainsi qu’un film sur la chasse. De filles.
J’ai rencontré sept filles de mon âge, avec des grands yeux vifs, des sourires jusqu’aux oreilles et des cheveux sans nœud. Elles étaient belles et elles riaient fort.
« Je m’excuse… Je ne suis pas sûre de comprendre, vous chassez pour vrai? Des animaux, là? »
Je me suis sentie petite dans mes bottes d’eau. Il existait donc des filles qui, en plus de la chasse amoureuse, devaient chasser leur souper? Elles parlaient de leur vie et je les écoutais attentivement, en ayant l’impression d’être passée à côté de quelque chose. Je pensais à mon couteau de survie jamais déballé dans mon immense sac de randonnée trop lourd. Je me sentais comme Barbie en camping, tout d’un coup, pas mal plus femme au foyer qu’héroïne.
Elles m’ont parlé de la transmission et de l’apprentissage de la chasse par leur père. L’héritage, les liens serrés, aussi. J’ai pensé à mon père, avec qui je n’avais pas passé de longues heures dans le camp, en silence, en attente. Elles m’ont raconté la fierté qu’elles ont de nourrir leur famille, leur chum, leurs amis.
Et je les ai trouvées fortes.
Je ne sais pas si je suis d’accord avec le principe de la chasse. Je ne sais pas si je trouve ça correct de tirer du gun la fin de semaine.
Mais je sais qu’en Gaspésie, il y a une gang de filles courageuses en titi.
« Avec un gun dans les mains, on a peur de quoi? On n’a pas peur de grand-chose. Mais elle, elle a peur des couleuvres! », en pointant celle qui avait les yeux les plus bleus.
Si Juliette avait été chasseuse, aurait-elle eu sa fin heureuse?
[Source de l’image : Un film de chasse de filles]
