Quand on va se revoir- Partie 2

[ Pour lire la partie 1  ]

La tondeuse, le jogging, la douche. Je t’attendais. Impatiente. Empressée. Je tournais en rond. J’étais en avance! Moi, en avance? Bon. Ok. Je me suis levée beaucoup trop tôt et je t’ai donné une heure qui me laissait le temps de me boucler les cheveux trois fois plutôt qu’une et d’essayer ma garde-robe de gauche à droite puis de droite à gauche mais à ma défense, je pouvais pas me permettre de me retrouver sous la douche à ton arrivée. Tsé.

Comme d’habitude, y’était pas question de s’revoir comme tout le monde, dans un café, en se disant qu’au pire y’aurait la défaite du lieu public pour pas tomber dans le mélodrame, dans les larmes pognées entre des excuses et des j’ai été cave je sais. Non drette pas pantoute. Je t’ai revu, tu coupais tes fleurs. Dans un parterre, qui, la dernière fois, ressemblait à un mini champ de bouette qui cherche son identité. Tu coupais tes fleurs. Parce que les fleurs, c’est tellement toi. C’est nous.

Je rêvais de te voir arriver comme avant, un bouquet de lys à la main. Jamais personne ne m’a couverte de mes fleurs préférées autant que toi. Peut-être que tu n’oserais pas. Peut-être que ça ferait « trop » pour la rencontre dite sans pression, sans baiser, sans prévu. J’étais dos à toi. Devant ma plate-bande. Je coupais mes fleurs. J’ai entendu ta voix. J’suis pas certaine mais j’crois que mon cœur a perdu une baguette ou deux en plein solo de drum. Qu’est-ce que tu m’as dit? Aucun souvenir. J’ai enchaîné avec du n’importe quoi saveur «j’me perds dans tes yeux». Perdre le nord au sud.

J’avais chaud, je crevais. Parce que la chemise que j’avais choisie était beaucoup trop chaude pour le soleil dans le ciel. J’sais pas si t’as senti mon parfum, parce que des défaites pour te coller vraiment beaucoup me venaient pas tant. À part pour regarder ton plan de lys sur ton balcon, là j’me suis collé sur toi. Ma barbe, j’ai jamais vraiment trop su quelle longueur t’aimais. Pis des questions pour toi, j’en ai eu aucune.

Aucune.

Quand j’t’ai vu, je trouvais encore que t’étais la plus belle sur terre. J’t’ai dis que ta robe était très belle, qu’elle t’allait bien. Parce que ça, c’est moi. Te le dire quand t’es belle. Te dire que tes lunettes de soleil te vont bien. Ton sourire. On dirait qu’il était encore plus beau qu’la dernière fois. J’t’ai juste pas dit que tes fesses et tes seins t’allaient bien. Mais j’l’ai pensé. Et là j’te l’écris. Tout ton toi t’allait bien, cette journée-là.

Je sais pas comment tu fais. Personne ne m’a fait sentir si belle, si désirable, si extraordinaire. J’suis pas stupide, j’le sais que y’a des filles belles et incroyables partout. Mais dans tes yeux qui me regardent, y’a que moi. Comme si j’étais la seule qui existait dans l’histoire de ton cœur. Ça, ça n’avait pas changé.

Notre chimie. Elle y était. Comme avant. Avec un mélange d’humour, de sarcasme mais surtout ben du rire et du j’explique pas. J’explique pas encore pourquoi j’ai le goût de parler à tout le monde tellement j’suis heureux partout où je vais avec toi. Y’a juste à nous que le commis de la SAQ raconte comment fonctionne ses heures de travail, en terminant avec un “vous me donnerez des nouvelles du vin, vous pouvez nous appeler même”. Parce que nous deux c’est ça, parler à tout le monde et faire des commissions pas tellement productives. Et tant pis; vivre, c’est aussi ça.

Tout de toi m’avait manqué. Ton rire, ton sourire, notre façon de se raconter des histoires qu’on complète en se relançant, tour à tour. Une compétition de «qui dit le plus de marde dans une journée». C’était si bon de sentir que le Nous était pas si loin, caché derrière une retenue de part et d’autre.

Y’a juste nous deux. Y’a juste toi pis moi qui dans une auto, chantent et dansent en se disant, on est nous-mêmes, on a l’air cave mais nous sommes heureux comme jamais. Y’a rien comme ça. Ailleurs.

Sans vraiment s’en parler, je crois qu’on a toujours su qu’ensemble, on semait du bonheur autour de nous parce qu’on avait plus assez de poches dans nos jeans pour le stocker. On était pas un couple, on ne l’avait jamais été. Tout le monde à qui je te présentais me disait que mon chum était génial, qu’on avait l’air heureux. J’avais pas envie d’expliquer qu’on était des amis. On était plus que ça, on s’apportait quelque chose d’indescriptible. Ce quelque chose qui ne porte pas de nom parce qu’on ne l’a pas encore inventé. On s’aimait. Et tu le savais… j’avais peur de toi. Peur du vide. T’avais raison, j’allais choisir la sécurité… Le temps que je me rappelle que la sécurité n’existait pas. Ce dont je rêvais, c’est toi qui m’avais permis d’y croire à nouveau. Personne d’autre que toi.

T’as encore ce p’tit quelque chose que personne d’autre possède. Que j’explique pas. Qui me rend tout croche en-dedans. Mais un beau tout croche. Le genre de tout croche qui met du drette dans ma vie. Dont j’ai tant besoin.

Des fois j’me dis qu’à cause de toi ça me prendrait deux coeurs. Un pour t’aimer, l’autre pour te dire qu’il y aura toujours une place pour toi. Une place que personne n’aura. Un deuxième coeur parce qu’un coeur, c’est tellement pas assez pour tout l’amour que j’ai pour toi.

Je sais. Je suis parfois contradictoire. Je m’accroche les pieds là où je devrais attacher les lacets de mes souliers de course et fuir. Je ne suis pas très bonne dans le lâcher-prise, malgré mes airs d’aventureuse désinvolte, toujours prête à répondre par l’action aux « pas game » prononcés en ma présence. Je sais. Je suis contradictoire. Je t’ai dit que tu étais trop intense… ça en prend un pour en reconnaître un autre! Mais promets-moi que j’te retrouverai là, à attendre devant chez moi. Que tu apparaîtras à nouveau avec mes fleurs préférées. Que je chercherai ton parfum dans ton cou. Que tu me feras ton tartare délicieux. Que tu prendras encore beaucoup trop d’avance sur le pelletage de ma cour, lorsque j’arrive du boulot. Que sauvagement, tu m’accoteras sur le petit mur de l’entrée pour me faire regretter de te laisser partir. tu le sais que ça me rend complètement folle! Que tu me feras l’amour comme personne. Que tu seras là comme tu l’as toujours dit: « Je suis là ».

Parce que mon cœur trouve une chanson pour chaque moment auprès de toi. Parce que mon cœur a pu besoin de baguettes pour son solo de drum. Il apprend à battre la mesure près du tien

Je sais que ça te gossse quand j’dis ça mais merci de croire en moi. Merci d’être toi. Et merci de faire de moi le gars le plus merveilleusement amoureux d’la terre. Parce qu’avec toi, l’amour existe. Tout simplement.

[Source de l’image :  Lys par Thomas Bresson]

1 Comment

  • Yousra dit :

    J’ai pas assez de mots pour décrire toutes les émotions au travers desquelles je suis passé en lisant ce texte. Les larmes aux yeux, les frissons partout à travers mon corps et mon p’tit coeur qui battait à tout rompre.

    Merci aux écrivains pour ces beaux mots. Ces mots qui représente tellement bien ma situation d’en ce moment qui dure depuis pas mal d’années maintenant.
    Merci à vous de mettre sur texte des mots que j’suis même pas capable d’me sortir d’la tête et qui pourtant, j’aurais envie de crier à la planète toute entière.

    ”Sans vraiment s’en parler, je crois qu’on a toujours su qu’ensemble, on semait du bonheur autour de nous parce qu’on avait plus assez de poches dans nos jeans pour le stocker. On était pas un couple, on ne l’avait jamais été. Tout le monde à qui je te présentais me disait que mon chum était génial, qu’on avait l’air heureux. J’avais pas envie d’expliquer qu’on était des amis. On était plus que ça, on s’apportait quelque chose d’indescriptible. Ce quelque chose qui ne porte pas de nom parce qu’on ne l’a pas encore inventé. On s’aimait. Et tu le savais… j’avais peur de toi. Peur du vide. T’avais raison, j’allais choisir la sécurité… Le temps que je me rappelle que la sécurité n’existait pas. Ce dont je rêvais, c’est toi qui m’avais permis d’y croire à nouveau. Personne d’autre que toi.”

    Ce passage est extraordinaire! 🙂

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