Souffle dans la cassette et recommence

C’est dur, une séparation. Même plus dur que ma tête de cochon. C’est surtout difficile lorsque tu crois être tombé sur la bonne, celle qui va porter tes enfants et te voir vieillir. Le temps passe si vite que je ne me souviens même plus ce qui est le plus difficile entre laisser quelqu’un et se faire laisser. Dans mon cas, ma dernière séparation fait partie du deuxième choix. Elle a pris ses affaires puis elle est partie, après trois ans (presque) passés ensemble. Elle a quitté ma vie pour ses propres raisons; peut-être parce qu’elle n’était plus heureuse, peut-être parce qu’elle croyait passer à côté de quelque chose. Bref, je n’aurai jamais une réponse claire à cette question. Un soir, alors que je revenais de travailler, elle me donna une lettre m’expliquant pourquoi elle devait continuer son chemin toute seule.

Sorry, your princess is in another castle.

Eh oui, c’est la fatalité de la vie; on éteint la console, on souffle dans la cassette et on recommence. On recommence la partie et on refait chaque monde et chaque château pour trouver la bonne. On se pose des questions et on se demande pourquoi. On se remet sans cesse en question. On trie des photos que l’on ne veut pas jeter, même si on sait très bien que c’est la meilleure décision à prendre. On prend du recul, on prend des distances et on croit aller mieux de jour en jour. On se dit qu’on est libre, que le monde est à nous et on sourit naïvement aux yeux des autres. On se fait des accroires, mais on se ment pour cacher la peine qui nous porte. Cette peine d’avoir perdu la personne à qui l’on a tant donné de notre temps, de nous-même, de nos secrets, de nos fantasmes, de nos peines et de nos peurs. Ce mal de vivre seul, de côtoyer le silence tous les jours et de s’endormir avec la solitude tous les soirs.

Puis, le temps passe. Le temps arrange les choses, à ce que l’on dit. Il guérit les blessures et permet de passer à autre chose. Malgré les mots lourds et pesants de sa lettre, je ne lui en veux pas, bien au contraire. Je préfère la savoir heureuse et en paix avec les décisions qu’elle prend dans sa vie, plutôt que malheureuse et indécise à mes côtés.

Je suis du genre à croire que lorsque c’est fini, c’est fini. On raccroche et on prend un autre appel. Chaque personne vit à un rythme différent et de mon côté, ça prend du temps pour raccrocher le téléphone, même si je sais qu’il n’y a plus personne au bout du fil. De regagner son assurance puis de ravaler sa confiance pour la partager avec quelqu’un d’autre. Je ne suis pas le type de gars qui aligne sa vie à coup de one night sur Tinder. J’ai une belle gueule, mais je fais partie de la clique de ceux qui sont trop gentils, de ceux qui font les meilleurs amants et, coup par coup, de ceux qui sont invisibles aux yeux des femmes.

Sorry, your princess is in another castle.

Je sais qu’un jour une autre princesse arrivera dans ma vie, et qui sait, c’est peut-être avec elle que je fabriquerai un petit prince. Mais en attendant, on éteint la console, on souffle dans la cassette et on recommence.

[Source de l’image: Subway par Kaique Rocha]

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