Tu as coché « non »

J’​dois écrire un texte. J’​te le jure que j’ai essayé de ne pas en écrire un sur toi. Mais chaque soir, quand je me couche, y’a trop de mots qui se bousculent dans ma tête et qui veulent sortir. Et tout ce qui sort, ce sont des mots qui commencent par toi, des synonymes​ ​de​ ton nom.​

​Aujourd’hui, j’ai un peu moins pensé à toi, à ce que nous aurions pu être. J’espère que demain sera encore mieux, mais chaque jour​,​​ ​tu arrives dans ma tête d’une façon différente. Chaque nuit est une histoire de plus qui se dessine. Des scénarios montés de toutes pièces mettant en vedette nos deux vies. Toi dans le rôle principal masculin et moi, ayant le rôle principal féminin. Chaque nuit est un nouveau film, une nouvelle histoire, mais toujours avec la même fin heureuse. La fin que nous n’aurons jamais une fois réveillé​s.

Chaque jour est une victoire de plus lorsque je ne t’ai pas​ é​crit. Je m’efforce chaque jour de te résister. Mais plus je me dis que je ne dois pas le faire, plus j’ai envie de le faire. T’es mon régime le plus drastique. Je me prive de toi, mais j’ai peur de tomber dans l’excès et de flancher quand je n’en pourrai plus. J’ai besoin d’un substitut.​ ​Je n’avais pas envie de faire un régime de toi. Les régimes, c’est mal. ​

Tu me manques alors que tu n’étais même pas si présent dans ma vie. Mais t’étais là…​ ​pas trop loin au bout du téléphone, de l’autre côté de la table devant un verre ou sur l’oreiller à côté de moi.​​ ​L’espoir de nous deux me manque. Cet espoir​ ​​s’est ​éteint quand tu m’as dit : « J’aime ça te retrouver, mais bordel que je ne m’attacherai pas ». L’équivalent d​u​ ​non coché sur un petit bout de papier. L’équivalent du non au fameux : « Veux-tu sortir avec moi? Coche oui ou non ». Et t’as répondu « non ». Y’a pas eu de peut-être cette fois. T’as même encerclé ta réponse plusieurs fois afin que je la comprenne.​​ ​L’espoir de te voir me dire que t’as envie de rester, y’en a plus. L’espoir que tu encercles le « oui »,​ ​est effacé.​ Une réponse qui voulait dire : « Je t’aime bien, mais je ne t’aime pas assez ». ​

J’te le jure que j’essaie de ne plus parler de toi, de ne plus penser à toi et de ne plus écrire sur toi. Si te retirer de ma tête pouvait se faire aussi rapidement que lorsque je t’ai retiré de Facebook, ma vie serait beaucoup plus facile, mais je vais avoir besoin de temps. Y’a pas de bouton « Supprimer ce contact » dans ma tête. Je vais devoir donner du temps au temps et lui faire confiance. Il a toujours su arranger les choses à sa façon et à son rythme.

J’te le jure que j’essaie de me dire que ce n’était pas moi le problème, comme tu me l’as répété mille fois. J’essaie, mais c’est difficile. J’essaie de mettre des blâmes sur toi, de creuser tes faiblesses, de me dire que ton côté grognon aurait fini par ne plus me charmer, mais je n’y arrive pas, pas encore en tout cas. Mais j’te promets que je vais y arriver. Qui sait, on va peut-être même pouvoir aller prendre un verre ensemble un jour sans avoir envie de finir la soirée horizontalement avec le souffle de l’autre près de nous. Peut-être.

En attendant, je ne t’écrirai pas directement, je ne t’appellerai pas même si je viens d’entendre une chanson qui m’a fait penser à toi. Je vais me faire discrète jusqu’à temps que tu ne penses plus à moi toi non plus. En attendant, je vais terminer ce texte, mettre ma tête sur mon oreiller et espérer te voir dans mon rêve, mais un peu moins longtemps que dans celui d’hier.

 

[ Illustration : Yan Thériault ]

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