Se faire traiter comme une poupée de chiffon

Je viens d’une famille dysfonctionnelle. Fille d’un père bipolaire non médicamenté et d’une mère souffrant du mal de vivre. En me comparant aux parents de mes amies, j’ai réalisé qu’il y avait peut-être quelque chose d’anormal chez mes parents. J’observais les autres avec mes yeux d’enfants et je me posais tellement de questions.

« Pourquoi la mère de mon amie met-elle ses lèvres sur le visage du père de mon amie? »

 « Pourquoi les parents prennent-ils leurs enfants tendrement dans leurs bras et pas moi? »

« Pourquoi mes parents ne sourient-ils pas? »

« Pourquoi mon père ne me dit-il jamais Je t’aime? »

Lorsque j’allais chez mes amies, j’aimais me retrouver dans une ambiance différente. Une ambiance sans tension, sans peur d’entendre mon père crier après ma mère et sans crainte d’entendre des objets casser. J’adorais ce calme et je jalousais secrètement leur vie de famille.

Personne n’aurait pensé que derrière cette grande maison canadienne de la rue Laflamme se cachait une triste famille. Personne n’aurait pensé que derrière mon sourire se cachait une petite fille fragile qui avait besoin de tendresse et d’être rassurée .

 Je vais toujours me souvenir de cette nuit où, pour la première fois, j’ai osé aller voir ce que j’entendais le soir quand j’avais la tête sous l’oreiller. En entrouvrant la porte de ma chambre de princesse, j’ai vu mon père lancer ma mère sur les murs et la frapper au visage. C’est à ce moment que mon cœur d’enfant a arrêté de battre pour faire place à celui d’une jeune adulte.

J’ai tenté d’arrêter mon père, de peine et de misère, pour qu’il cesse de lancer ma mère partout comme une poupée de chiffon. J’ai dû faire une déposition aux policiers afin d’expliquer ce que je venais de voir. Tout cela était un simple cauchemar et j’allais me réveiller sous peu. Tout était si irréaliste. Ma mère a laissé tomber sa plainte après quelques jours. Elle a fait sortir mon père de prison en espérant de tout son cœur qu’il ne recommence plus.

Ce qui n’est pas arrivé…

« Saviez-vous que la plupart du temps, la violence faite aux femmes est associée à la violence physique »?

Les statistiques officielles de la criminalité déclarée et enregistrée en 2013 par les forces policières indiquent que 18 885 personnes de 12 ans et plus ont été victimes de crimes contre la personne commis dans un contexte conjugal.

Ces victimes représentent près du quart (24,4 %) de l’ensemble des victimes de crimes contre la personne au Québec en 2013.*

Les conséquences de la violence sont très lourdes sur le plan humain. Les femmes, les hommes et les enfants aux prises avec ce problème ont besoin d’aide afin d’arrêter le cycle de la violence dans leur vie.

Oui! C’est beau l’amour, mais pas quand ça fait mal…

*Ministère des Services publics du Québec.

 [Source de l’image:  This is where the blow may hit, but not where it hurts par LMAP]

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