Tu vis une histoire d’amour.
Elle commence par des regards échangés dans un bar proche de l’UQÀM. Ça continue en demande de numéro de téléphone sur le coin d’un bureau pendant un cours plate d’économie. Entre deux jokes, il plug deux ou trois microbrasseries qu’il aimerait essayer et tu te vois accepter sans qu’il propose vraiment.
Toi qui me disais que tu ne sortirais jamais avec un gars de notre secondaire.
Ta nonchalance se transforme en message stressé laissé sur ma boîte vocale juste avant votre troisième date. Il te rend nerveuse et tu ne sais pas pourquoi.
Tu sautes quand il te texte.
Tu fonds quand il te parle.
Tu n’existes plus quand il te tient.
Tu réapprends à conjuguer le mot amour. Tu le vois dans ta soupe. Dans la coupe de ton pinot noir préféré.
Partout.
Ton histoire, tu commences à la vivre à deux. Des « je t’aime » passionnés et des nuits de baisers infinis. Des « Hey babe j’ai hâte de te voir ce soir » doucement coulés sur ta boîte vocale pleine de ses mots d’amour. Des fins de semaines à s’amuser avec des couples d’amis, comme des vrais adultes.
Des étés passés à s’aimer aux hivers à rester enfermés, entre trois ou quatre coupes de cheveux et six verres brisés, le temps passe sans qu’on s’en aperçoive.
Des tartares de saumon faits maison qui se transforment en Poule Mouillée mangée dans le salon. Devant des reruns de Friends. Des « Mon amour » qui deviennent des « Qu’est-ce qu’on mange à soir? » pitchés sur des claviers de Iphone 4S entre deux rides de métro.
C’est tu lui qui ne grandit pas?
Ou toi qui bouge trop vite?
Vous ne dansez plus sur le même air.
Un appartement qui semblait être rempli de possibilités s’assombrit en comptant le nombre de jours où votre lit n’a pas connu d’amour. Les draps sont toujours faits. La douche toujours chantée en solo.
Tu te retrouves pognée dans le rond-point à tourner, et tourner, et tourner. Parce que tu ne connais pas encore ta sortie.
T’as le cœur entre ses doigts mais un œil sur la poignée de porte à te demander ça serait quoi de l’ouvrir rien qu’un peu.
Le gazon est toujours plus sexy chez le voisin.
J’te donne droit à quelques dernières Poule Mouillée. Pis finalement si tu choisis de changer de resto, ton Pinot Noir pis moi on te suivra, peu importe ce dont t’as le goût.
Oublie juste pas de ne pas t’oublier.
[Source de l’image: My shoulder was made to hold your head, my hand to hold yours par Katie Tegtmeyer]