Ce n’est pas parce qu’on n’a pas d’enfants et pas d’hypothèque qu’une séparation ne fait pas mal. Entre incompréhensions, colères et grandes joies, Gabrielle tente de comprendre et de mettre en mots les différentes étapes vécues lorsque deux personnes se quittent. Nouvelles amours, grandes peines et remises en question, tous ces stades tendent vers un seul et même but – celui qu’on rêve tous d’accomplir : trouver le bonheur.
Stade 1 : Le coup de foudre
Il y a de ces moments qui, sans prévenir, viennent chambouler notre vie au complet. Des life changing moments, qu’on dit en anglais. Je me rappelle très bien le jour où ça m’est arrivé. J’attendais patiemment que débute mon cours d’allemand, assise dans un des longs corridors froids de l’UQAM. Ce jour-là, quand tu es venu t’asseoir près de moi, je textais mon chum, sans rien demander, et tu m’as fait le coup : t’es venu chambouler ma vie.
J’étais avec mon copain depuis presque trois ans et tout allait ben correct. On avait une auto, un bel appart avec un foyer, nos comptes Instagram débordaient de photos de notre chat pis nos week-ends se passaient dans des soupers avec d’autres gens en couple qui filaient eux aussi le bonheur parfait. Tout allait ben correct. Sauf que quand tu t’es assis près de moi en me lançant un simple « Salut, moi c’est Alex* », mon ventre s’est rempli de bourdonnements. Tellement de papillons se sont bousculés que, sans trop comprendre pourquoi, j’ai eu de la misère à te répondre. « Allô, moi c’est la fille qui aimerait bien passer la soirée à t’embrasser ! »
Natürlich, on a passé les deux semaines qui ont suivi à se texter. À enchaîner les parties de Trivia Crack à la tonne, juste pour trouver un prétexte pour se parler. À se poser des questions ridicules – Toi, c’est quoi ton fruit préféré ? – auxquelles on voulait vraiment savoir les réponses, le pire.
Est-ce que c’est ça, le coup de foudre ?
Si oui, c’est beau en ‘ta. C’est beau, mais ça fait mal. Parce qu’avant de te rencontrer, ma vie avait un sens et j’allais quelque part. J’avais de l’argent, un appartement, un chat, des amis. Maintenant, à cause de toi, je regarde mon téléphone beaucoup trop de fois par heure, au travail, dans l’espoir de voir ton nom y apparaître. À cause de toi, je dors vraiment moins que ce qui est conseillé, mange trop de bonnes choses et rêve, naïvement, de mariage en blanc et de bonheur parfait…
Ça fait bientôt trois mois que je t’ai rencontré. Et il n’y a pas un jour où je ne me pose pas la question : Qu’est-ce qui se serait passé, si tu n’étais jamais venu me parler, ce jour-là?
Je n’aurai probablement jamais la réponse. Et je ne sais pas non plus si l’extraordinaire et inexplicable passion qu’on vit va encore rester longtemps. Je m’en viens un peu vieille pour me laisser aller à croire ces choses-là. Donc, je prends une grande respiration et fais deux pas en arrière, en espérant que tu vas tout faire pour venir me chercher et qu’un jour on va vivre ensemble, tes yeux bruns dans mes yeux verts, avec nos deux ou trois enfants. Qui parleront peut-être allemand, par principe.
[Source de l’image: L’Oiseau bleu Cosmos_25 par Adjari]
