Je déteste Tinder

Avant d’aller plus loin dans ta lecture, ça se peut que tu sois tombé(e) sur ce texte et qu’on ne se connaisse pas. Ça se peut aussi qu’on se connaisse, qu’on soit déjà sortis ensemble ou que t’aies croisé mon profil sur Tinder. Tu m’as peut-être même ajouté sur Facebook. Sache que je ne me trouve pas moche ni ennuyant et que je n’ai aucun problème de confiance en moi. Faut croire que je n’avais simplement pas le bon momentum.

Moi, tu vois, c’est de personne à personne devant un café que je suis à l’aise plutôt que dans la réalité virtuelle. Je n’ai jamais aimé chercher l’amour derrière un écran de téléphone et j’en ai perdu, dans les derniers mois, des soirées à magasiner des profils avant de me coucher. Quand tu cherches sur une application comme celle-là, t’essaies de ne pas te faire d’attentes. Mais c’est difficile de ne pas être fébrile, lorsque tu as une discussion fluide qui dure depuis quelques jours avec une fille du type « Wow! Mais d’où est-ce que tu sors, toi ? »!

Tu vas probablement me dire : « À quoi tu t’attendais, c’est Tinder, tsé! ». Merci de me le rappeler, c’est gentil. En échange, je vais te décortiquer mon expérience en trois étapes :

Étape un : Dans ta tête de gars, ça bouge. Les idées/émotions se garrochent un peu. Tu te dis calme-toi, mais t’as quand même en tête « Nice, elle est super jolie, on a plein de points communs et on vit relativement proche ». Instinctivement, comme la discussion coule bien, tu te dis qu’elle voudra probablement accepter ton invitation à faire quelque chose pour vous rencontrer en dehors du virtuel.

Étape deux : Tu lances une invitation. Tu ne te fais pas d’attentes, mais t’es content d’avoir l’éventuelle possibilité de rencontrer une fille qui semble bien.

Étape trois : C’est normalement là que ça passe ou ça casse. Tu lui demandes ses dispos et de mon côté, j’ai eu l’occasion d’expérimenter deux options :

  • Aucun retour sur les dispos;
  • Quelque chose de poli qui tourne autour du « Désolée, j’suis trop occupée en ce moment ».

Disons qu’une fois les disponibilités demandées, m’imaginer attendre plus d’une semaine avant de rencontrer une fille qui m’intéresse virtuellement, je trouve ça vraiment moche. C’est possiblement faisable, mais ça scrape le momentum. Parce que là tu veux lui écrire, mais pas trop, question de lui montrer que t’es toujours intéressé, mais pas question de passer pour un dépendant affectif, ce que t’es pas pantoute. Bref, quand t’es dans cette situation, t’es pogné à jouer à un jeu psychologique où normalement, y’a pas grand gagnant. Le truc, c’est qu’elle est peut-être vraiment débordée par son travail et sa to-do list cette fille, comme tout le monde. De son côté, elle se demande peut-être aussi pourquoi tu ne lui écris plus. Quand tu y penses, c’est juste le fait d’être le dernier à avoir écrit quelque chose et de ne pas avoir de retour qui, disons-le, te laisse un petit goût amer.

C’était peut-être juste une excuse moins directe pour te dire non, pour faire un peu comme une gomme qui perd de sa saveur avec le temps. Peut-être que t’as mal choisi tes phrases; une ligne de trop, un Emoji mal choisi… Tu finis par te rendre compte que c’était probablement une excuse puisque tu n’as plus de ses nouvelles et qu’elle a rajouté des trucs dans sa description de profil. Et toi, t’as appris en jouant la game de ne pas sur-texté ton dernier message et de rester dans le ratio. Il y a, semble-t-il, un système régi par des lois non écrites qu’il faut respecter si l’on ne veut pas passer pour un psychopathe. Tenter d’être 100 % authentique est à vos risques sur Tinder; je l’ai essayé, et c’est non concluant. Je dois mal comprendre les règles du jeu.

J’aime beaucoup mieux mettre mes cartes sur la table que de jouer à ce jeu psychologique. Changer d’idée, ça peut arriver et c’est correct. Cependant, je trouve ça plate de s’arrêter à une impression virtuelle, qui est différente d’une vraie première impression.

Je ne semble pas du tout fitter dans le moule de la génération d’aujourd’hui, car je suis de ceux qui préfèrent charmer plutôt que de cruiser online. Je sais que vieillir n’est plus à la mode, mais je préfère utiliser mon côté gentleman plutôt que d’envoyer des photos de mon corps sur Snapchat.

De toute façon, dans la vie, tout arrive pour une raison ou pour une autre. Je ne sais pas t’es qui encore, mais je tomberai probablement sur toi par hasard dans une manif ou au club vidéo, et je te parlerai pour qu’on s’échange nos numéros.

[Source de l’image : Man holds umbrella with red smoke par Splitshire]

 

7 Comments

  • Celine dit :

    Lol dans une manif ou au club vidéo!

  • Émilie Morissette dit :

    Bonjour Patrice,

    Je voulais simplement te dire que j’ai beaucoup aimé ton article et que je me reconnais vraiment dedans.

    Merci!

  • Sabrina Bourret dit :

    Patrice! Que je me reconnais dans tes paroles! Et a-t-on vraiment le goût de fitter dans le moule? Non! Car c’est inintéressant! 🙂

  • Isabelle Lefebvre dit :

    Bonjour Patrice,

    J’aurais pu écrire chaque mot, Les femmes ont vit ça aussi. Merci pour ton texte. Je me sens moins seule maintenant 🙂

  • Audrey dit :

    Merci Patrice! J’aime vraiment te lire, tu écris super bien. Dis-toi que tu n’es pas tout seul à ne pas comprendre les règles du jeu… Et dans le fond, on veut vraiment les comprendre? Pas sure… j’aime croire qu’il y a d’autres personnes comme toi et moi. Ça permet à ma balloune de se regonfler même si elle se fait péter sans arrêt.

  • Arianne dit :

    Je viens de lire tous tes textes, wow j’en veux plus!!! J’adore le sujet de tes articles et ta manière d’écrire. Voilà, c’est tout

  • Sophie dit :

    Ah mon Dieu… C’est comme si tu étais dans ma tête… Je crois encore au fait de rencontrer mon prince charmant entre deux épaules de porc à l’épicerie… Pu capable du virtuel et des games !

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