L’amour déménage

Notre amour va déménager.

Déchiré comme notre bail. Endormi dans une boîte. Perdu dans le papier journal annonçant du pas beau. Notre histoire en souvenirs. Le 5 et demi trop grand pour du bonheur trop petit.

Je ne t’en veux pas, tsé. T’as fait ce que t’as pu avec mes histoires souvent beaucoup trop longues, mon fromage dont l’option de couper avec un couteau est toujours restée une option, inexistante. Pis tout le reste.

Je ne m’en veux pas à moi non plus. D’avoir donné accès au beau comme au laid. Au passé pas si passé et au présent, trop absent.

De la peine, j’en ai. J’en respire. Je ne serai pas capable de passer en avant de chez-toi et voir ma place de stationnement sans mon auto. Sans moi. Qui se dépêche à entrer pour te conter ma journée, et me coller. L’absence ça creuse du vide, et ça revient rarement avec du plein.

Les questions en tempête dans ma tête. Les réponses parties jouer à la cachette. S’égarer à forcer des rires. Imaginer.
Y’a rien de pire que ça l’imagination. Ça oblige à croire qu’il y a du nouveau. Du nouveau sans toi. Sans tes rires. Sans tes mains. Sans tes yeux qui se disent que les miens voient en toi.

Ce sera difficile. La peine, c’est ça qui rend triste.

Je te souhaite de laisser entrer à nouveau l’amour. Le bonheur. Du simple, et du beau. Du facile. Des crampes au ventre tellement t’as de papillons faisant dodo dans ta tête. Je te souhaite d’accueillir plus facilement l’attention qu’on peut te porter. Je te souhaite de prendre soin de toi. En te garochant pas sur un autre comme sur des boîtes. J’aimerais que tu te garoches sur toi. Sur tes passions. Tes rêves. J’aimerais que tu priorises de te sourire à toi-même devant le miroir et de t’aimer toi, en premier.

Je te souhaite de déménager dans une vie qui est la tienne, bâtie à coup de sourires.

Je te souhaite de laisser ton cœur déménager dans les mains d’un autre. Qui va le prendre et s’en occuper. Comme toi tu le mérites, mais surtout comme tu le veux.

Parce qu’à force de toujours avoir pensé à ce qui n’a pas existé, tu t’es convaincue que l’amour était parti avant d’arriver. Et on ne peut jamais déménager un cœur qui n’est jamais entré.

Le mien était là, dans une boîte, que tu n’as jamais ouverte au grand complet. Parce que t’avais peur d’y voir ce qui t’a déjà ensevelie de larmes. Pis de peurs.

Mais tsé, chaque boîte a son histoire.  Et t’as le droit de penser que celle qui s’en vient est belle. Tu le mérites. Ouvre-la donc au grand complet la prochaine. Tu vas voir qu’elle peut t’apporter ce que tu n’oses plus croire. Et tu vas surtout voir que faire confiance à quelqu’un, ça peut se faire en te respectant, mais que ça doit se faire.

Parce que de l’amour sans confiance ce n’est pas de l’amour. C’est de la peur déguisée en sexe. Dans une boîte qui déménagera jamais.

[Source de l’image : Karolina Grabowska ]

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