Les montagnes russes amoureuses

manège

On est là, tout nerveux. On anticipe ce qui va suivre. On fait la file comme tout le monde. Dès qu’on approche du moment fatidique, on devient de plus en plus énervés. On voit les gens en avant de nous qui ont obtenu ce que nous désirons tant. Ils ont été patients eux aussi. Mais quand même, ça serait le fun que j’arrive vite à cette entrée-là.

Après ce qui m’a semblé une éternité, j’arrive enfin à la gate. Je m’installe dans le wagon, mon compagnon à mes côtés. On se regarde timidement, mais confiants de la suite. C’est là que le responsable nous demande de nous attacher. Pour notre sécurité qu’il dit. On le fait machinalement, sans y porter trop attention, de peur de se faire mettre dehors. C’est comme ça que le manège se met en marche.

Oh la la, il monte à pic lui! Le vertige me prend d’un coup sec. Je serre la main de mon compagnon — car je vais avoir besoin de son support — et me dit qu’il est là. Les hauts et les bas du manège nous attaquent le cœur. On se lâche rapidement la main pour se concentrer sur soi. Mais c’est comme ça qu’on s’éloigne… On se centre sur notre petite personne et on oublie rapidement que l’autre est à nos côtés.

Vient la fin du manège. On la voit arriver, tranquillement, mais on sait ce qui nous attend. C’était évident qu’on allait en arriver là, mais ça nous prend quand même par surprise. On s’apprête à débarquer quand, par chance, on a droit à un deuxième tour. On n’a même pas le temps de se tourner vers l’autre que le manège se remet en marche. Et pas rien qu’un peu.

Mêmes vertiges, mêmes maux de cœur. Sensation de déjà vu, mais cette fois on ne m’y prendra pas! Cette fois, c’est la bonne. On a eu droit à un deuxième tour, c’est parce que ça va fonctionner right? Mais la lune de miel est encore plus courte que la première, et on se lasse rapidement. On connaît le trajet après tout. Ce qui n’empêche pas mon cœur de réagir encore plus fort que la première fois aux mouvements brusques du manège.

Tout d’un coup, elle est là, la fin. La vraie. Je l’accueille avec une tristesse insoupçonnée, mais aussi avec un certain soulagement. On sort du manège, secoués et distants. Je prends le temps de me remettre de ces sensations, et quand je reviens à moi-même, mon compagnon est déjà bien loin devant. Il disparaît tout doucement de mon champ de vision, probablement pour refaire la file du manège avec quelqu’un d’autre.

[Source de l’image : Roller coaster amusement park de PixaBay ]

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