Vieillir, c’est difficile

C’est difficile, être adulte.

Hier, je jasais avec deux amis chéris de notre condition de gens dans la vingtaine. On trouvait ça pas mal rushant. Tous les trois en relations amoureuses, en appartement, avec des jobs et des rêves de voyages. Tous les trois avec des questionnements équivalents, changeant d’une minute à l’autre, allant de « qu’est-ce qu’on mange pour souper ? » à « est-ce que j’aime vraiment ma job? »; de « quelle couleur le mur du salon? » à « je pars-tu en voyage autour du monde pour un an en laissant toutes mes affaires dans un entrepôt sur le bord de l’autoroute? »

C’est ça, la vingtaine, non? L’impression du temps qui court vite, qui brûle les feux rouges et qui déborde. L’envie de s’établir, avec une base solide d’amour et de maison, de faire des promesses d’éternité que l’on a envie de tenir, de dire toujours sans grimacer. En simultané, vouloir vendre tous nos livres, nos vêtements et nos vieux disques pour acheter un aller simple pour l’Aventure.

On vit des relations amoureuses belles, mais déterminantes. On est en couple depuis quelques années déjà et on est heureux, mais il est temps de parler de bébés et de plans d’avenir, et on se dit qu’on n’a même pas vu d’ours polaires encore. On n’est pas allés, nous autres, à Barcelone. On n’a pas goûté, nous autres, à des pâtisseries en Russie. On n’a même pas vraiment appris à conduire, encore, qu’on nous parle de banc de bébé. En amour, on est assez grands pour mieux choisir nos partenaires; on n’a plus 21 ans, quand même. Mais il nous arrive de douter, de vouloir se mettre de l’avant, de ne plus se lancer dans les compromis, au premier noeud dans le long tricot de notre amour. On a peur de vieillir trop vite ou pire, de n’avoir pas été jeunes assez longtemps. On veut prendre de grandes décisions, mais on regarde des films de Disney au cinéma. Avons-nous besoin de choisir? Peut-on choisir tout ça : le beurre, l’argent du beurre, pis le camion qui le livre? Peut-on vraiment être stables et libres, en même temps?

Nos parents nous diront que c’est le temps, la vingtaine, de vivre notre vie. Pourtant, mes amis matures me parlent de RÉER et de retraite, et je capote. Nous ne vivrons pas comme ça! Ma vingtaine se terminera dans trois ans. Trois ans pour jouer avant qu’il soit trop tard… 

Mais dans la vraie vie, sera-t-il vraiment trop tard? Si on t’annonçait que tu mourras dans trois ans, continuerais-tu à vivre de la même façon, ou tu déserterais?

Quand est-ce qu’on arrête de faire la roue?

 

[Source de l’image: Cartwheel par Oceana]

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