Je pense que j’ai peur de l’engagement – la suite

Il y a un an (presque jour pour jour) était publié mon premier billet pour La saison de la chasse. Il s’intitulait (non sans grande surprise) « Je pense que j’ai peur de l’engagement ». C’était un billet dans lequel toutes les raisons – surtout la peur de « pogner un flat » – étaient bonnes pour continuer de passer mes dimanches matins à faire des sudokus (littéralement).

Ce billet décrivait ma relation avec un gars avec qui j’étais bien, mais pas assez pour sauter du gros tremplin. Ce gars-là me faisait nager dans la pataugeoire gros max. Rien de plus, rien de moins. C’était quelqu’un que j’aurais pu fréquenter dix mois en ne sachant toujours pas ce qu’on était. Vous voyez le genre? T’sé la fameuse relation dans laquelle tu fais tout comme si t’étais en couple, sans l’être. Le genre de relation bizarre où tu ne sais jamais trop quoi répondre lorsque les gens te demandent si t’es libre ou non.

Puis, j’ai réalisé que si j’étais en amour, je ne me poserais pas ce genre de questions. Tu le sais, quand t’aimes quelqu’un. Ça suinte par chaque pore de ton épiderme. Ça te fait rêver de plans à deux. Tu y penses tout le temps. Tu souris pour rien. T’as toujours faim, t’as jamais faim. Tes pensées sont prises en permanence. La seule peur que t’as est celle que ça se termine, car t’es tellement bien que tu souhaiterais que ce sentiment dure à jamais. Moi, c’était une peur différente. Ce n’était pas celle de l’engagement (comme je croyais). C’était celle de ne pas être au bon endroit, celle de ne pas être avec la bonne personne. Je n’avais pas peur que ça se termine, j’avais peur que ça commence.

Je crois que c’est une nuance qu’on oublie souvent de prendre en considération. On se fait croire qu’on a peur de l’engagement alors qu’on n’a probablement jamais autant crié à l’amour un peu partout, que ce soit sur les blogues, dans les revues ou dans les livres. Un peu ironique, non? On veut s’engager. Là n’est pas la question. On ne sait peut-être juste plus par où commencer.

La peur de l’engagement est l’excuse facile. Elle a le dos large. Elle nous donne le droit d’essayer sans plonger complètement. Elle nous donne le droit de dire à voix haute que le problème est ailleurs, que « C’est pas toi, c’est moi» . Parfois, elle nous fait même débuter des relations cul-de-sac juste pour combler une solitude plus grande que les sentiments partagés. Elle nous donne le droit de dire « Au moins on aura essayé », sachant très bien que c’était terminé avant même que ça ne commence. La supposé peur de l’engagement fait passer le temps lorsqu’il n’y a rien à faire. Mais cette peur-là porte mal son nom. Ce n’est pas une peur, c’est un état. Un état qui s’appelle la solitude; qui s’appelle « Je suis tannée de passer mes soirées toute seule ». Une peur implique un risque et il n’y a pas grand-chose à risquer lorsqu’on sait à l’avance que ça ne fonctionnera pas.

Cependant, la journée où l’on trouve celui ou celle qui nous donne envie de sauter du gros tremplin, je vous jure qu’on ne se fait pas prier. C’est drôle, l’engagement ne nous fait plus peur à ce moment-là. On saute à pieds joints dans le vide. On n’a soudainement plus peur de nager dans le creux. On sait qu’on ne se noiera pas. On oublie de se boucher le nez et on s’en fout. C’est le plus beau saut de notre vie.

Ce qui est difficile, c’est de trouver quelqu’un avec qui ce sera réciproque. Quelqu’un pour qui tu ne seras pas une pataugeoire. Quelqu’un qui ne sera pas ta pataugeoire. Quelqu’un qui ne te regardera pas sauter toute seule. Quelqu’un qui va gravir les marches avec toi. Quelqu’un que tu n’auras pas envie de regarder d’en bas; quelqu’un qui ne pourra pas te regarder d’en haut. Qui va te tenir fort pour éviter que tu tombes. Qui va te rattraper quand tu vas glisser. Quelqu’un qui va prendre ta main et qui va sauter avec toi du même tremplin. Parce que c’est un peu ça, l’amour : être le tremplin de quelqu’un.

 

 

[Source de l’image: WEDDING par 古 天熱]

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