La vie n’est pas un chemin en ligne droite, pas un dictionnaire qu’on ouvre pour lire une définition nette et claire à laquelle on peut tenir mordicus. Les principes, c’est beau, mais c’est surtout beau en théorie. Quand tu te plonges le cœur dans la pratique du quotidien à deux, tu peux réaliser assez vite que le bla-bla-bla des valeurs peut s’entre-choquer assez durement avec la réalité. Disons un 11/10 sur l’échelle de Richter.
Peut venir le moment où tu blesses et/ou tu te fais blesser. La plupart des gens expérimentent les deux, un jour ou l’autre. Ça fait mal, c’est difficile. Acculé au pied du mur, on se demande pourquoi. On se demande quoi faire, on est perdu entre les tiraillements des questionnements à double sens. Est-ce que ça valait la peine de gâcher une relation dans laquelle on était bien (somme toute) pour se tremper dans quelqu’un d’autre le temps d’un instant? Est-ce que ça vaut la peine de relayer une relation dans laquelle on est bien (somme toute) aux oubliettes parce que l’autre a fait le choix de se tremper dans quelqu’un d’autre le temps d’un instant? Tant de questions pour si peu de réponses.
Nous aimons souvent l’idée que l’amour soit plus fort que tout, mais parfois, l’amour s’étiole au gré des saisons, sans qu’on réalise que l’hiver est arrivé, et que nous avons cessé de prendre soin de ce qui nous liait depuis l’été, prenant pour acquis que les mauvaises herbes mourraient d’elles-mêmes au lieu de faire mourir toutes les couleurs autours. Ça ne veut pas dire qu’on ne s’aime plus, ça veut simplement dire qu’on a oublié comment on s’aimait, avant. Qu’on a oublié comment on s’aimait au temps des arbres en fleurs.
On fait comment, pour recréer les fragrances estivales lorsque même l’âme des arbres se retrouve nue, lorsqu’ils se retrouvent dépouillés de leurs feuilles, et que les derniers pétales de notre jardin ont fané depuis longtemps? Quand tout ce qui reste est le froid du givre qui s’installe aux fenêtres. Il peut alors arriver qu’on cherche cette chaleur perdue à nouveau, et qu’on tente de la trouver dans la nouveauté d’une personne nous laissant miroiter l’idée d’une canicule en plein mois de décembre.
C’est lors de l’éclatement du mirage en plein désert qu’on réalise à quel point nous avons soif de vivre, de vivre avec l’oasis, la vraie, celle qui partage notre vie. C’est à ce moment qu’on regrette de s’être laissé berner par la voix inquisitrice qui parlait fort au point de faire taire tout le reste. Mais c’est fait.
Il m’arrive souvent d’entendre des « Si j’apprends qu’il m’a trompé, je le criss là », alors que la personne ne criss effectivement pas l’autre là lorsqu’elle apprend qu’elle s’est fait tromper. Vient le calcul des pertes, des douleurs. La liste des pour et des contre. Rien ne sert d’hurler des phrases pré-faites alors qu’on ne peut jamais prévoir la réaction qu’on aura et le choix qu’on prendra dans une telle situation.
J’ai aussi appris, au fil de mes très maigres 23 années de vie, que l’amour est fragile. Que l’amour est comme une boule de verre pleine de flocons. Elle est belle, la boule, elle fait même de la musique lorsque tu la prends dans tes mains, mais un accrochage de trop, et elle se retrouve au sol, éclatée en mille morceaux coupants qui feront mal lorsque d’instinct, tu te pencheras pour les ramasser et essayer de les rassembler.
Nous avons fait de l’amour un contrat, aussi physique qu’émotionnel; ne manque que la signature au bas de la page pour dédommagements légaux si bris de conditions. Nous essayons d’intégrer une bulle qui nous rendra imperméable à tous ceux croisant notre route, mais parfois, quelqu’un croise notre regard au moment où celui ou celle qui partage notre vie nous regarde les yeux fermés depuis trop longtemps. Peut-être est-ce nous qui la regardons les yeux fermés, aussi. Reste que cela est une réalité pouvant arriver, même si c’est une histoire qu’on ne souhaite jamais lire sur le cellulaire de l’autre qui partage notre appartement trois pièces ou plus encore, de celui ou celle qui partage la moitié de ce qu’on est, des enfants.
J’ai rencontré des gens à qui c’est arrivé. Des gens qui s’aimaient depuis plus de 20 ans, qui étaient mariés, qui avaient une famille. D’autres qui avaient mon âge, d’autres qui étaient ensemble depuis peu, d’autres qui étaient deux depuis longtemps. L’amour est cassable, oui. C’est un segment d’espace et de temps qu’on tente de tenir au creux de nos mains chaque fois que nos têtes se posent sur l’oreiller la nuit venue. C’est vouloir vivre dans la certitude que cette paire de yeux sera la prière que l’on récitera au réveil du lendemain.
Mais, comme tout océan, l’amour comporte son lot d’intempéries, de surprises, de tourments et de tempêtes. Par moment, ils sont creux au point de ne pas voir le fond, au point où on veut lever l’ancre, mais on réalise alors que l’eau se fait plus claire, que les vents se calment, et que le blanc du sable refait son apparition. Nous sommes alors coincés dans un dilemme; mettre le cap vers l’avant, ou terminer le voyage.
L’amour est magique, mais n’oublions pas que malgré son caractère surnaturel, il n’est possible que grâce aux humains le partageant; des humains imparfaits, qui peuvent se tromper, qui peuvent réaliser, qui peuvent apprendre, qui peuvent regretter, mais surtout, qui peuvent aimer malgré tout.
[Source de l’image : Hand in Hand par Ch.Weidinger]
L’amour est complexe, l’amour est fragile, l’amour est solide, l’amour est calculable, beaucoup de définitions qu’on peut donner à l’amour. Personnellement, je pense que tout est juste, mais à chacun de l’embellir selon ses désirs. Mais le plus important, c’est que l’amour est unique.
Tout ce que je ressent et vit depuis une semaine en mot.. Je n’étais capable de mettre un mot sur mes émotions et ressentis. Merci, merci merci!
C’est comme si tu étais à l’intérieur de ma tête, pour m’aider à verbaliser par rapport à ce ptit trucs qui me sert le coeur avec une telle force!
Wow.!