Heureusement qu’il s’agit d’une fracture, au moins ça se replace avec le temps! Se faire scier le bras aurait clairement été pire. C’est aussi ça la vie, tomber en amour et se blesser. Un peu comme quand tu apprends à marcher, tu tombes par terre et chaque fois, tu te relèves.
Cette fois, c’est l’amour qui t’a fait tomber. C’était un accident non prémédité et encore moins prévisible, autrement on l’aurait évité. T’es tombé en amour et tu ne savais pas qu’à la fin de ta chute, un gros paquet de roches t’attendait. Tu pensais qu’il y avait encore un matelas hyper-confortable rempli de plumes qui t’attendait pour le restant de tes jours.
C’est à peu près là que t’as entendu un crac. Tu figes, t’as besoin de savoir si t’es correct avant d’essayer de bouger et constater les dégâts. Malheureusement pour toi, t’es rendu avec deux coudes parce que l’impact de la chute était plus fort que la solidité de ton bras.
Au début ça va, ton adrénaline s’occupe de toi, paralyse la douleur et te fait agir sous l’impulsion du moment. Tu réalises que t’es blessé, que l’amour t’a fait mal et cette fois, c’est ta vie qui est en jeu. Heureusement qu’il s’agissait d’une simple fracture. Effectivement, une fracture guérit, mais il est peut-être temps de freiner ta chute.
T’es tombé de haut, mais t’as pas encore touché le fond. La chute aurait pu être pire, et tu le sais. Pendant ton séjour à l’hôpital, entre deux doses de morphine, tu penses à ce qui s’est passé. Tu essaies de comprendre l’incompréhensible. Tu essaies de donner un sens à ce qui en aura jamais parce qu’au fond de toi, tu sais qu’il s’agissait d’un accident. Tu n’aurais jamais cru que du haut de ton nuage, ton partenaire t’aurait éjecté dès que tu avais le dos tourné.
Tu te relèves finalement avec un plâtre pour six mois, créant un léger handicap, tu fais attention pour ne pas retomber, du moins, pas tout de suite. Le temps semble bien faire les choses, t’as retrouvé 90 % de ta mobilité, mais un 10 % est parti à jamais.
Le problème, c’est que ce n’était pas ta première chute. T’es tombé déjà trop souvent dans les dernières années, et ce n’est pas parce que tu n’as pas compris comment éviter le précipice. C’est seulement parce que tu espères que ton partenaire te gardera avec lui, tout au long de la chute et tout en douceur, de nuage en nuage, jusqu’à ce que vous vous retrouviez six pieds sous terre sans aucune blessure, reposant en paix.
Le temps passe, mais les blessures restent. Tu apprends à vivre avec ce petit handicap. Après tout, ce n’était qu’une petite fracture. Tu observes la personne qui t’a fait tomber et t’essaies de voir si elle a essayé de sauter pour te sauver et amortir l’impact. Par contre, si elle est toujours perchée sur son nuage, seule, à attendre que tu remontes par magie, c’est peut-être un signe que tu devrais te trouver un nuage un peu plus confortable.
Tu apprends à faire de l’escalade, tu remontes, tu t’accroches et tu survis au mieux de tes capacités. T’es beaucoup plus fort qu’avant. Tu reviens la tête haute avec un paquet de confiance que t’as ramassée tout au long de ton ascension et tu sais exactement où te placer pour ne pas te faire mal à nouveau. T’es remonté tellement haut et ta chute libre amoureuse semble être loin, tellement loin que tu ne t’en souviens plus.
Tu peux enfin respirer, penser, relaxer. Tu n’es plus en mode survie, t’es rendu en mode vie. Tu te réveilles le matin, reposé. Ce sera une belle journée, le ciel est bleu, aucun nuage en vue et un beau gros soleil pour te réchauffer. Tu sens le bonheur t’envahir et t’es finalement heureux, t’es finalement de retour au sommet. Une sensation de contrôle t’envahit, t’as enfin repris le contrôle de ta vie.
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