(Aimer entre parenthèses)

En amour, je ne chasse pas. Je me laisse approcher, puis apprivoiser. Il faut bien laisser la chance au chasseur. Je ne chasse pas, j’observe. Qui est cet inconnu assumant qu’il a les atouts pour me séduire? À tous les coups, c’est la même chose, mais différent. Il s’avance, se présente et la conversation s’installe. C’est ce moment délicat de nos premiers balbutiements de relation qui est critique et qui annonce soit une partie de chasse, soit mon retour dans la faune.

Au fond, chasser, c’est comme jouer à la cachette. Vous savez, ce jeu dont tous les enfants raffolent étant plus jeunes. Après chaque relation, on se remet de la partie. À nouveau, on ferme les yeux sur la relation précédente, afin de s’offrir à la prochaine rencontre. Sur qui va-t-on tomber? On ne sait jamais. Certains trichent en cours de route et ouvrent les yeux. À l’ère actuelle, ça veut dire passer par les réseaux sociaux pour avoir une photo d’avance sur l’autre. D’autres, trop blessés, s’arrêtent au stade du décompte. Avec une voix hésitante, insécure, ils espèrent secrètement que les autres lâcheront la partie ou au contraire que quelqu’un d’entre eux s’arrête au milieu de toute cette mascarade et qu’enfin, ils rencontrent une personne qui leur ressemble vraiment. À l’opposé, certains ne cessent jamais de jouer à cache-cache, malgré qu’ils aient déjà trouvé quelqu’un. Comme en amour, malgré une base qui s’avère simple, jouer à la cachette implique différentes règles. Chacun a ses propres façons de jouer. Suffit que cela soit clair pour tous dès le départ.

Moi, évidemment, quand je joue à la cachette, je ne suis pas celle qui compte, mais celle qui attend (im)patiemment. D’où je suis, je peux observer le compteur et tenter d’évaluer notre potentialité. Jusqu’ici, cette étape du processus a plutôt échoué. Des chums, des copains, des fréquentations, j’en ai eus. Leur plus grand point en commun, c’est que je les ai tous aimés entre parenthèses. Soit il fallait s’aimer (justement) en cachette à l’écart des regards, soit par honte, par ton non-désir d’engagement ou encore, parce que ce n’était pas sérieux.

Je n’ai jamais vraiment aimé quelqu’un, car aimer quelqu’un, c’est lui permettre de prendre ton cœur et de le balancer par-dessus un pont. Aimer quelqu’un, c’est prendre le risque d’exposer sa vulnérabilité. C’est accepter que l’on n’est pas parfait et que quelqu’un d’autre à part toi le sache. Avant toi, je n’ai jamais laissé personne atteindre mon cœur d’aussi près. Je n’ai jamais été aussi bien de m’exposer au regard de tous. Avec toi, sache que je suis prête à aimer, sans parenthèses.

[Source de l’image: Marie-Andrée Lemire Photographe]

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