Un amour qui niaise n’est jamais de l’amour

T’as déjà vécu ça, toi aussi, une «fréquentation» qui n’a rien de clair. J’le sais. On a tous eu droit à ça. Une rencontre avec un humain qui ne sait pas, ne sait plus, ne sait rien, pas certain, pu sûr.

T’as déjà entendu, aussi, la phrase «c’est pas toi c’est moi». Ark. Tsé tant qu’à pas assumer que j’fais pas ton affaire, dis juste rien. Pourtant t’as pas hésité à m’embrasser. À tromper le gars qui était dans ta vie en lui disant que tu t’en allais chez une «amie». Ark. Et j’ai pas eu le temps de compter beaucoup de moutons avant de te voir nue dans ton lit. Parce que pour du sexe, t’hésitais pas mal moins beaucoup. Quand y’en avait pas d’autres qui t’avaient textée dans tes soirées un peu trop toute seule, où tu doutais de tes choix. Et les questionnements disparaissaient jusqu’au lendemain matin. En même temps que moi. En même temps qu’un «bonne semaine» pitché entre le fer à friser et le maquillage.

L’amour, c’est pas vrai que c’est toujours simple. J’le sais. Mais y’a un juste milieu entre ne jamais prendre l’autre pour acquis et prendre l’autre quand t’as reçu des textos moins beaux de ton ex. Quand tu lisais un reflet de mots qui t’annonçaient que t’étais pas si belle en-dedans, t’avais besoin de quelqu’un qui te disait le contraire. C’est juste humain. Mais un humain qui veut tout et rien en même temps. Et c’est moins humain de juste pas se l’avouer.

Je t’ai pas toujours donné juste du beau non plus, j’le sais. Des fois j’me serais sauvé de mon propre moi-même tellement j’me faisais vomir. Mais je regarde la médaille du «nous deux» et je vois qui a deux côtés. On ne peut jouer à qui a été le pire des deux. On a été dégueulasses les deux. Point final.

Tu m’as fait pleurer à un point que mes larmes ont creusé un p’tit ruisseau dans mes joues. J’ai dû prendre des p’tites pilules pour me rappeler un peu le gars que j’ai déjà été. J’me suis remis en doute à toute les fois que tu retournais vers lui. J’me suis brisé en mille morceaux. Mais le plus dur était de mentir à mes enfants que tout allait bien. De continuer à ramasser les dessins qu’elles te faisaient, parce qu’elles t’aimaient d’un amour pur et sincère. Elles ne t’ont jamais rien fait mais elles ont eu mal quand même.

Tu m’as rien promis comme tu dis.  Mais m’appeler en pleurant pour me demander si un jour on pourrait acheter une maison ensemble. Se jaser de la distance que je ferais pour aller travailler en habitant avec toi, me dire que t’aimerais que ma famille habite dans ta ville; c’est pas des promesses mais on est généralement porté à croire que la «fréquentation» est sérieuse quand on les entend. Tsé.

Je t’ai haï plein de minutes et puis je recevais un texto de toi, qui mettait plein de lumineux dans mes yeux. T’avais le don de revenir dans ma tête quand j’le demandais pas. Quand je commençais à y croire, que la meilleure chose à faire était de ne plus jamais se voir. Et c’était la même chose pour toi.

Mais je ne regrette rien.

Tu m’as appris. Tu m’as montré que des feelings ça trompe pas. Que des hésitations, des réponses qui cachent encore des points d’interrogations; c’est pas bon. En fait, c’est bon à rien. Que j’ai un instinct incroyable pour savoir quand tu faisais du pas-le-fun. Quand j’me disais que quelque chose n’allait pas, j’me trompais jamais. Qu’un je t’aime quand t’es nue ça peut juste vouloir dire un j’aime quand tu me baises. Mais faut aussi qu’le coeur ait le goût d’le dire quand y’a du linge qui le recouvre. Faut que ça sorte tout seul d’la bouche quand tu vois l’autre qui pleure, que rien ne va. Pis tu l’as jamais fait.

J’suis pas mieux. J’suis resté là-dedans. Longtemps. Plus longtemps qu’aucun autre gars l’aurait fait. Moi aussi j’étais pas simple, pas mieux. Je m’excuse. J’aurais tout fait pour toi. Mais quand moi j’appelais en pleurant, je jasais tout seul avec le répondeur. Et la fois que je t’ai pas répondu, tu m’as traité de lâche.

Mais tsé y’a rien qui arrive pour rien. On a appris les deux, qu’un amour qui niaise peut être beaucoup de choses. Sauf de l’amour.

[Source de l’image : Love weathers all storms, across all the distance. par Mukul Soman]

2 Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *