Comme un buffet à volonté

Millefeuille. Tiramisu. Opéra. Macaron. Crème brûlée. Tant de saveurs. Tant de goûts. Tant de couleurs. Tant de choix. Comment choisir? Devant un comptoir de pâtisseries, le choix est souvent difficile. En amour, c’est un peu la même chose.

Aujourd’hui, tous les comptoirs de pâtisseries sont ouverts. Tous ceux du monde entier. Nous avons la possibilité de choisir n’importe quelle pâtisserie. On est libreeeeees. Le monde est à nous!

On se pitche dans le buffet comme s’il n’y avait pas de lendemain. On essaie tout. On goûte à tout. On se bourre la face. La vie est belle.

On apprend à connaître ce qui nous plait. On développe notre goût et notre côté critique. On devient plus exigeant. On sait ce que l’on veut. Et surtout, ce que ne l’on veut pas.

On ne prend plus le temps de connaître ni de découvrir. Mais c’est pas grave, tout est possible! Nous avons du choix!

On ne prend pas le temps de laisser une chance. On s’en fout, la prochaine sera encore meilleure.

On goûte une bouchée et on laisse tomber. Tant pis, au passe au suivant.

On ne se ferme plus les yeux pour mieux déguster. Pour mieux sentir. Et surtout ressentir.

Tout d’un coup que la prochaine pâtisserie serait encore plus délicieuse que la précédente. Il ne faudrait pas passer à côté. Oh que non. Tout d’un coup qu’il y aurait mieux… ailleurs.

On continue de voltiger de pâtisserie en pâtisserie.

À quel moment tout cela s’arrête?

À quel moment on décide qu’on en a marre du buffet à volonté? Qu’il est bien bon le spécial du jour mais que ce n’est pas vraiment cela qui nous convient?

En fait, on arrête tout ça quand on réalise que le buffet à volonté donne mal au coeur. Qu’on en a marre tout simplement. Qu’on a mal d’amour. (Et aussi qu’on a un léger goût de vomi dans la bouche.) Qu’on fait une overdose.

À force de vouloir goûter à toutes les pâtisseries qui s’offrent à nous, on oublie l’essentiel.

On finit par oublier ce que l’on cherchait en premier.

Est-ce que les chances de trouver l’amour se multiplient en fonction du nombre de rencontres?

Est-ce que regarder innocemment des photos de profil sur notre iPhone en pouvant les flusher ou les aimer d’un simple mouvement de doigt est normal? Pouvons-nous réellement rester sain d’esprit et ne jamais développer une forme de dépendance? Pouvons-nous rencontrer normalement par la suite?

Regarder constamment le menu nous rend indécis. On finit par ne jamais se brancher. Par ne jamais choisir. On explore sans se poser. Sans s’engager. Sans jamais aimer.

Ça fucke notre cerveau. Ça fucke notre coeur. Ça fucke toute. Toute. Toute.

Il est où l’amour dans tout ça? Entre deux bouchées de tiramisu? Entre un millefeuille et une crème caramel? Est-ce qu’on peut vraiment trouver l’amour en cherchant continuellement?

C’est quoi l’amour au fait? N’est-ce pas d’oublier tous les éclairs au chocolat autour de nous et de n’en choisir qu’une seule?

Ah, peut-être que notre pâtisserie aura des petits défauts de fabrication. Peut-être qu’elle sera trop sucrée. Pas assez cuite. Qu’elle débordera de crème fouettée. Mais ce sera ta pâtisserie. Tu l’auras choisi. Et tu vas l’aimer quand même.

L’époque des buffets sera révolue parce qu’il n’y a rien de meilleur que de manger lentement.

On choisit de ne plus s’empiffrer comme avant. On fait un choix.

Et c’est là qu’on devient rassasié. Comblé. Heureux. Amoureux.

* Dédicace spéciale à mon père qui a toujours le don de m’inspirer avec ses sages paroles.

[Source de l’image : Pastry par Susanne Nilsson]

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