Vivre deux fois la même histoire

On se connaissait déjà un peu, très vaguement. Il travaillait au même endroit que moi, dans un autre département. On a passé une journée à la plage avec des amis. Et c’était parti. Son intérêt était là, le mien aussi. On se l’est dit tout de suite. Pas de cachette ni devinette. On s’est rapidement revus. On se plaisait, on était bien. On avait envie d’être près de l’autre, on se trouvait des petits moments pour se retrouver en cachette sur notre heure de dîner. Ça s’est vite développé. Pas de game, pas de faux-semblant. Lui, moi, son chien, du vin, des projets à jaser sur le quai en regardant les étoiles. On était comme deux adolescents amoureux, tout heureux de fêter notre premier mois ensemble, excités des moments à venir.

On s’écrivait, on partageait, on avait de drôles d’idées. On était donc fiers d’être beaux, drôles, fous, quétaines assumés, amoureux. On l’aimait, notre duo. Souvent, on se disait à quel point on était chanceux. « On s’est trouvés. » C’était notre phrase fétiche, celle qui nous revenait souvent, qui exprimait le mieux la gratitude qu’on avait d’avoir été sur le chemin l’un de l’autre. On s’est trouvés…

On se disait que nos deux ans respectifs de célibat en valaient la peine. Qu’en bout de ligne, la récompense valait les débarques qu’on avait connues. De toute façon, tout ça semblait déjà très loin derrière nous, comme un vieux mirage, difficilement perceptible. L’avenir nous appartenait.

Et puis rapidement, beaucoup trop rapidement, notre barque a pris l’eau à une vitesse fulgurante. Je n’ai pas eu le temps de m’en rendre compte, qu’on était déjà sur le bord de se noyer. Il y avait quelques fuites qu’on n’arrivait pas à colmater. Ajoutons à ça une femme déterminée à l’avoir à ses côtés. Ce fut trop. Malgré nos belles paroles, nos bonnes intentions, on n’arrivait plus à ramer, trop occupés à essayer de sauver notre propre peau de cette eau glacée.

J’ai été en choc longtemps. Je n’y comprenais rien. J’étais figée, choquée, interloquée. Comment peut-on laisser tomber quelqu’un qu’on dit tant aimer? (À ce moment-là, j’ignorais que la femme déterminée avait su attirer son attention.) Ça m’a pris un bon moment à me relever.

Puis, comme toute bonne jeune de ma génération, je suis remontée en selle, j’ai recommencé à chasser. Sites de rencontres, me voilà! J’ai eu beau chercher, je n’ai rien trouvé. Tout me laissait un goût fade. Pas d’étincelles, aucun papillon ni même de cocon à en devenir. J’étais sur mon appétit. Rien ni personne ne me faisait vibrer. J’étais un peu indifférente.

« Bon OK, je pourrais peut-être le revoir. » Je n’avais pas envie de fréquenter dans cet état d’esprit. Je cherchais le « wow ». Je cherchais mon ex. Pas l’homme qu’il est. Mais la magie que j’ai connue avec lui. Ça a pris un moment, mais c’est alors que j’ai compris : il n’y aura jamais deux histoires pareilles. JA-MAIS. Peut-être qu’avec le prochain, ça prendra six mois à l’amour à se développer. Peut-être qu’il est déjà dans mon entourage et que je l’ignore. Mais ce que je sais, c’est que tant que je vais chercher à revivre la même histoire, jamais je ne vais trouver.

[Source de l’image: Pixabay]

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