« As-tu quelque chose à me dire? Est-ce qu’il y a quelque chose que je devrais savoir? »
Je lui posais ces questions, sans même savoir pourquoi. Ça montait et je le sortais, tout simplement. Évidemment, la réponse à mes questions était toujours négative. Alors on continuait notre chemin, tout bonnement. Pourquoi douter? Pourquoi insister? Tout allait bien, on était heureux. Aucune raison de creuser plus loin.
Jusqu’au jour où je suis tombée sur son Facebook et que pour la première fois en des années, j’eus l’idée d’y jeter un œil.
Voilà. Trois minutes et j’avais tout compris. Trois minutes pour savoir que ce n’était pas un hasard si je posais des questions et que j’étais tombée sur son Facebook. Trois minutes pour comprendre ce que la vie essayait de me dire.
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« Il me semble que tu deviens un peu distant, est-ce qu’il y a quelque chose? » Non, bien sûr que non. Il est juste fatigué, très occupé. La job, les enfants, la routine quoi. Pas de quoi s’inquiéter. Je le trouvais distant, mais il m’a dit que non. Et puis, c’est vrai : on a tous nos petits moments préoccupés. Pas de quoi en faire un plat.
Jusqu’au jour où il a coupé par texto pour des raisons bidon. Ce fut long, mais j’ai donc fini par savoir la vérité : il en voyait une autre en même temps. Voilà pourquoi il était SI occupé. Voilà pourquoi il avait annulé jeudi. Voilà pourquoi il ne m’avait texté qu’un simple « j’ai passé une belle journée, bonne nuit » mercredi. Probablement que le message ne s’adressait même pas à moi.
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La veille de notre deuxième rencontre, je commence à me douter qu’il y a quelque chose qui cloche. Je commence à deviner que la rencontre n’aura pas lieu. Pourtant on a confirmé, on s’est parlés aujourd’hui, tout semble bien aller. Et puis au moment où je lui dis « toujours partant pour le souper? », il m’avoue que finalement, ça ne marchera pas. Encore des raisons bidon. Je pousse, et il finit par avouer qu’il a rencontré une autre fille. Je le savais, je le sentais. Il ne voulait pas me le dire, il ne voulait pas me blesser (!!).
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Des histoires comme celles-ci, j’en ai en quantité. Leur point commun : je le savais.
Je savais que quelque chose se tramait. Je savais que cet homme prenait ses distances, je savais qu’il y avait une autre femme. J’ai entendu, mais j’ai douté. Comment se fier à une minuscule voix qu’on perçoit à peine?
Et si c’était juste de la peur qui me faisait inventer ces histoires? Et si j’accusais à tort? Et si je ruinais notre histoire à force de creuser et poser des questions? Parfois, on sait, mais on doute. Parfois, on sait, mais on ne veut pas entendre.
Être célibataire demande du courage. S’écouter, encore plus. Parce qu’on ne peut pas changer la cassette, parce qu’on ne peut pas supprimer la chanson qu’on ne veut plus entendre. Il faut accueillir, accepter, agir.
Et si je m’écoutais encore plus? Et si je donnais toute la place à cette voix qui ne demande qu’à être entendue?
Peut-être que j’éterniserais ma solitude. Mais peut-être aussi que je m’épargnerais le cœur et je ne serais qu’encore plus prête et apte à accueillir le bon. Celui à qui je n’aurai pas besoin de poser des milliers de questions. Celui dont je ne visiterai pas « par hasard » le Facebook, celui qui ne sera pas distant, trop occupé à voir s’il y a mieux ailleurs.
Certes, mon instinct ne me dit pas ce qui m’attend dans le futur. Il ne me dit pas que l’homme va finir par aller voir ailleurs, par flirter avec ses ex, par dater une autre qui a l’air plus willing. Notre instinct ne peut pas prévoir, mais il peut prévenir.
Prévenir que ça devient louche, prévenir qu’il commence à être « moins là », prévenir qu’il est temps de se poser des questions.
Oui, on peut avoir l’air « Germaine » et castrante en demandant encore et encore, et j’ai certainement déjà donné cette impression auparavant. Mais vous savez quoi? Chaque fois, j’avais vu juste. Chaque fois, il y avait effectivement anguille sous roche. Germaine était peut-être gossante, mais Germaine savait.
[Source de l’image: Pixabay par jill111]