Je t’aime, mais ce n’est pas si simple

Si on se connaissait personnellement toi pis moi, tu saurais qu’il y a ma photo juste à coté de la définition de l’expression avoir un coeur d’artichaut dans les éditions dix dernières éditions de l’Encyclopédie de l’Amour pour les Nuls. Je suis la fille qui tombe amoureuse à chaque coin de rue. Celle qui spotte un gars dans le fond du bar et qui, dans sa tête, décore notre salle de réception de mariage en quinze secondes. Ma tête va vite, mais mon cœur, lui, encore plus. Ça fait que j’ai toujours été la personne intense dans mes relations, celle qui n’accepte pas les demi-mesures. De toute manière, à quoi ça sert de vivre juste à moitié, hein?

J’avais aussi cette propension à crier mon amour sur les toits dans le passé, parce que pourquoi pas. Je n’ai jamais eu peur d’assumer mes sentiments, et si je sens quelque chose, je ne suis pas du genre à me retenir (parlez-en à ma carte de crédit). J’ai balancé les Je t’aime comme s’il n’y avait pas de lendemain, étant certaine qu’il était impossible de trop le dire quand on le pensait vraiment. J’me suis rendu compte, un peu tard, que c’était possible de perdre la magie derrière ces mots lorsqu’ils sont trop répétés. Que le sentiment pouvait être vécu à plein, mais que son expression se devait surtout d’être transmise à travers nos gestes plutôt qu’uniquement par ces mots. Ces gros mots.

Ça fait que lorsque j’ai réalisé que j’étais tombée folle raide d’amour de la charmante créature que j’ai désormais la chance d’appeler mon amoureux, j’ai voulu faire les choses autrement. Prendre plus au sérieux cette déclaration que j’ai trop souvent faite par habitude. Parce que je n’avais pas envie de minimiser l’importance de ces mots pour une fois. Parce que je souhaitais leur redonner leurs lettres de noblesse.

Bien qu’il ait embarqué dans mon jeu depuis, je dois avouer qu’au départ, mon copain m’a semblé plutôt perplexe lorsque je lui ai exposé ma théorie. Pourquoi s’empêcher d’exprimer comment il se sentait? Avais-je peur de m’afficher? Mais après quelques discussions sur le sujet, il était bien d’accord avec le concept. On utilise donc des mots qui remplacent le fameux Je t’aime dans la plupart des situations communes, mais surtout lorsqu’on s’écrit par texto. Pour nous, les mots substituts sont des aliments/mets/repas qu’on aime. Ce n’est donc pas rare qu’il me texte un « général Tao épicé » entre deux gorgées de café quand il est sur le chantier pour me faire savoir qu’il pense à moi, sans gaspiller les gros mots.

Là, tu te demandes probablement quelles sont les occasions dans lesquelles on ose utiliser les vrais mots. J’te dirais que c’est pas si simple à expliquer, mais que ma règle de base pour les dire, c’est que ces mots aient littéralement envie de se jeter hors de ma bouche tellement ils ne se peuvent plus de se faire entendre. Jusqu’à présent, je crois les avoir dits/entendus à dix reprises gros top, mais en bout de ligne, mon pari est gagné parce que je retrouve les mêmes papillons dans mon ventre que cette fois où il a pris mon visage dans ses mains et m’a chuchoté à l’oreille ce premier Je t’aime.

Grilled-cheese extra bacon avec une p’tite liqueur, mon loup.

 

Source de l’image: par Priscilla Du Preez via Unsplash

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