Mon coeur est un squelette

La nuit dernière, j’ai voulu faire dodo rapidement pour rêver à toi.  Mais ça donne rien parce que t’es la plus belle raison pour pas dormir.

C’est trop tranquille en dedans de moi quand t’es pas là. Y manque ce bouillonnement dans mes veines, qui ressemblent à de vrais chaudrons remplis d’eau chaude quand tu me parles. C’te bombe-là que tu me garoches dans les yeux chaque fois que j’te vois pis que j’me dis que t’es le plus bel humain qui peut me regarder. Hiroshima, c’t’un p’tit pétard d’enfant à côté du Big Bang que j’vis quand tu me touches.

Quand parmi tous les humains de la terre, tes mains, c’est moi qu’elles veulent toucher, j’en reviens juste pas. J’me dis que des fois ça paraît pas, mais t’as sûrement les yeux fermés quand tu me regardes et t’imagines le gars là-bas, qui est tellement plus beau, plus drôle, pis au fond, qui me fait tellement chier. Parce que lui, tu le swiperais à droite, tu voudrais le déshabiller chaque fois qu’il bouge et t’as l’impression que même la tasse de café jouit quand il met ses lèvres sur elle. Et t’es carrément jalouse de chaque gorgée qu’il prend.

Quand je suis au même endroit que toi, j’me demande comment font les autres hommes pour être capables de vivre ailleurs.

Quand t’es partie, j’suis devenu un squelette cherchant ses os par terre pour avancer. Mais y’a beaucoup de p’tits morceaux pour reconstruire une jambe. Imagine un coeur. Une estime de soi. Pis une confiance. Moi je dis que si ton p’tit coeur se retrouve en morceaux par terre, c’est comme des bas dans la sécheuse, y va toujours t’en manquer un quelque part. Un morceau. Pis tu vas patcher avec un bout qui n’est pas supposé être là. Genre la désillusion.

Le coeur n’a jamais expliqué au sang qu’il ne pouvait vivre sans lui. Faque j’te dirai jamais que j’ai besoin de toi pour croire à ça, que l’amour ça peut se garocher sur moi. Aussi.

[Source de l’image : Marie-Andrée Lemire Photographe]

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