Quand j’étais enfant, j’avais peur du noir. De façon inexplicable, ma chambre pouvait être la pièce la plus accueillante durant le jour et s’avérer mon pire cauchemar, venu le temps de me coucher. Je me souviens que je n’osais pas sortir mes deux bras de ma douillette au cas où un monstre sorti d’on ne sait où viendrait pour me les manger. C’est pourquoi je gardais un bras sous la couette et un autre sorti pour être prête à me « défendre ».
Maintenant, quand j’ai peur, j’ai peur que tu m’oublies. Que tu me laisses tomber. Et qu’on ne se revoit plus. Toujours cet étrange sentiment où un jour tu ne seras plus là pour moi. Que du jour au lendemain tu te volatiliseras, car tu te seras lassé de moi. Peur constante de déplaire. Malgré moi, prête à tout donner, je garde la crainte que toi, tu me rejetteras à tout instant. Sans raison ni politesse, que tu me remercieras avec rudesse. Étroitesse dans laquelle je suis prisonnière.
D’autres fois, j’ai peur d’être mal-aimée, de mal aimer, de trop aimer ou encore, de ne pas assez le démontrer. Rassure-moi. Pas parce que je suis un enfant gâté, mais parce que j’ai déjà prêté mon cœur à un autre, et il me l’a remis en piteux état. Il l’a pris momentanément sous son aile, puis l’a balancé au-dessus d’un pont. Il a fait ce que moi, je n’aurais jamais fait. Prends plutôt ma main hors de la couverture et dis-moi qu’il n’y a rien à craindre. Que je n’ai pas besoin de cacher mon autre bras et que je peux sortir les deux sans risque pour t’enlacer.
Promets-moi que tu seras là. Que peu importe les difficultés que nous vivrons tu resteras ancré au sol comme un chêne sous lequel je pourrai m’abriter. Que je peux et pourrai compter sur toi quand le moment sera venu. Mais en tout ça, je sais que tu ne peux pas me le promettre, car nos trajectoires ne sont qu’entremêlées pour un temps. Elles sont liées, confondues, tordues, embrassées, peinées, réconciliées, aimées mais au final, elles ne seront probablement que parallèles.
[Source de l’image : Sky, planes, evening – Boss Fight!]
