Quand je serai grande…

J’ai grandi dans une famille catholique traditionnelle pratiquante.

Mes parents ont toujours été ensemble, et d’aussi loin que je me souvienne, ça a longtemps été un objectif de vie de me marier (comme eux) et d’avoir cinq enfants (ça rentre dans une minivan). Le fameux proverbe « L’océan est rempli de poissons » ne s’appliquait donc pas beaucoup à moi, étant donné mes critères assez contraignants pour plusieurs.

Je me rappelle qu’en secondaire 1 une fille m’a dit : « T’es-tu vierge ? »

Je lui ai dit : « Euh non, je suis Balance. »

Bref, en plus de ces critères, en ce qui concerne la sexualité, c’était non. Un gros « non » écrit en caractères gras, souligné et italique. C’était clair et j’acceptais. Je n’étais pas trop du genre à contester, anyway.

Puis un jour, le jeune homme catholique qui m’intéressait depuis toujours (et le seul avec qui je me voyais à plus long terme (ouain, j’étais quelque peu sélective)) a voulu qu’on se fréquente et m’a peu de temps après demandée en mariage. Honnêtement, j’étais à une plus qu’excellente journée de pêche dans l’océan pour que ça puisse m’arriver. C’est un peu comme la chance que Blanche-Neige a eue lorsque son prince l’a trouvée dans un cercueil et a eu envie de l’embrasser. Même affaire.

Mais la vérité, c’est que j’avais 21 ans, que j’allais bientôt commencer un baccalauréat et que je n’étais pas prête au « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Et ça, j’avais beaucoup trop de difficulté à me l’avouer; c’était comme de renier une trop grosse partie de moi qui habitait la petite moi des années 90. Au bout du compte, notre relation a terminé comme Jean Leloup le raconte : la fille qui se fait larguer en plein sur le trottoir, c’était moi. Ce moment a été probablement un des plus durs de ma vie; mon rêve de petite fille est parti. J’ai perdu un ami, mais aussi une partie de qui j’étais.

Je pense qu’au fond de nous, peu importe l’âge qu’on a, notre vulnérabilité d’enfant finit toujours par refaire surface en venant questionner et requestionner nos choix et les décisions qu’on finit par prendre. On souhaite garder cette partie naïve de nous, qui ne se pose pas trop de questions et qui est tellement heureuse devant des rêves parfois démesurés. On pense savoir ce qui nous rendra heureux plus tard, mais on n’en sait rien.

Notre parcours de vie ne sera probablement pas celui qu’on s’était imaginé étant plus jeune, mais il trouvera toujours le moyen de s’adapter à ce que la vie nous apporte et à ce qu’on devient. C’est ce qui rend la vie aussi mystérieuse et au bout du compte, aussi belle.

[Source de l’image:  everything in the world par Merwii [via Tumblr]]

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