Notre famille, à deux

Aussi loin que je me rappelle, je voulais des enfants. C’était inévitable, c’était en moi, dans tout mon appareil reproducteur. À l’adolescence, j’en gardais. J’étais bonne, j’aurais pu faire partie du Club des Babysitters, mais bon, mes lettres à Kristy, Mary Anne, Claudia et Stacey ne se sont jamais rendues! Ensuite, j’ai rencontré ce gars. Tu sais, celui avec qui tu es convaincue que tu passeras ta vie, malgré toutes les montagnes qui vous tombent dessus. Fille, tu as 19 ans!

Après 6 ans et même un essai « bébés » qui dura 4 mois, mon couple s’est effondré, mes certitudes aussi. J’ai alors 25 ans et je suis en train de terminer une formation qui me permettra d’aider des gens, surtout des enfants. Je ne savais plus qui j’étais ni ce que je voulais. Sur les sites de rencontres, pas facile de te décrire quand tu es perdue comme ça! Hésitation suprême lorsque la case « Désire des enfants? » arrive. J’ai été la fille qui en voulait à tout prix, la fille qui se disait: « Si je rencontre le gars avec qui j’aurai envie de les élever », la fille qui se disait qu’elle pourrait être belle-mère après tout, et la fille qui, finalement, n’en veut pas!

À ma grande surprise, j’étais bien avec cette décision. Sauf que le gars avec qui j’étais à ce moment-là était dans la catégorie « en veut à tout prix ». J’aurais pratiqué l’abstinence si j’avais pu, par peur de tomber enceinte. Je ne l’avais pas nommé encore, ça me faisait tout drôle. Être celle qui n’aurait pas d’enfants. Excitation et peur. Si jamais je regrettais?

Fin de la relation, juste avant LA rencontre. Cet homme, rassurant et fort comme le roc! L’homme de ma vie. Il arrive comme ça, sans prévenir et oh, surprise, ne veut pas d’enfants! Soulagement! Je me rappelle avoir dit à mes amies : « Je nous vois ne pas avoir d’enfants! Je nous imagine, à deux. Être solides, comme les membres d’une famille, soudés et unis pour la vie. » Trop souvent, j’ai entendu des gens rester ensemble à cause des enfants. Ce sera pas nous. Pas d’engueulades à propos de l’éducation, des coudes sur la table et des heures de sorties.

Mais rassurez-vous, on adore les enfants! On est les meilleurs tante et oncle, les enfants nous aiment, et c’est réciproque. Mais nous n’en aurons pas. Le deuil, on ne le vit pas. Mais notre entourage… Des amies qui ne comprennent pas, qui se disent qu’on changera d’idées; des étrangers qui me disent (trop) souvent que j’ai encore le temps quand je dis que je n’ai pas d’enfants; une grand-mère déçue qui espérait avoir d’autres petits-enfants en regardant la lignée s’éteindre, et l’autre grand-maman qui ne le sera pas du tout. J’ai d’la peine pour elle, elle aurait été formidable dans ce rôle. Parce que nous, on l’a décidé, mais certains ne peuvent pas (tu sais, ma grande soeur, je t’aurais donné mon tour n’importe quand).

Alors, autant je me suis réjouie pour mes amies qui m’annonçaient leur énième grossesse, autant je désire qu’on nous supporte là-dedans, du moins le respect (un non-shower même?!). Parce que nous serons heureux, dans notre famille… à deux!

 

[Source de l’image: Pexels]

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *