2014 est terminée

Je me suis fait investir par le syndrome de la page blanche, celle aussi blanche que la première neige, mais aussi sale que la dernière. Qu’ai-je à dire à propos de l’année à venir? Je ne sais pas. Tant de choses! J’ai pourtant l’impression que si tout change, le fond reste toujours le même, et c’est ce qui est merveilleux, voire rassurant.

Le 31 décembre au soir, je plongerai mes yeux dans le regard du coeur que j’aime, de celui que mon âme a choisi, et je croirai en notre amour plus fort que tous les jours précédents. Je réaliserai à quel point tout était différent au même moment, l’an dernier. Ce n’est pas ces yeux-là que je regardais entre les coupes trop pleines de Veuve Clicquot. Non. Pourtant, je réaliserai à cet instant précis que l’an dernier, je n’étais pas ce que je me souhaitais de mieux, mon couple périmé n’était pas ce que je me souhaitais de mieux, alors que là… Je ne pourrais espérer mieux.

Comme chaque année, il y aura quelque chose de magique lorsque la dernière année trébuchera et déboulera sur la nouvelle, en lui ouvrant le porte bien grande, l’air de dire « Tout est permis. Entre! ». On choisira l’illusion, même si elle se dissipera probablement avec le retour à la réalité du réveil-matin le 2 janvier qui nous rappellera que nous avons trop fêté la veille et l’avant-veille, mais ce n’est pas grave. L’important, c’est d’y croire, ne serait-ce que dans l’éphémère passage du 31 au 1er. Y croire, c’est garder espoir, c’est avoir confiance en ses moyens à nouveau, c’est se colorier l’intérieur de confettis, c’est être sa propre fête. Mon poil dansera la chair de poule à la grandeur de mon corps, et je ne ferai rien pour l’arrêter. Je rirai jusqu’à mourir de vie, la bouche fendue jusqu’au ciel, et je croirai en moi plus que jamais.

Je dessinerai ma carte du coeur, comme si j’avais découvert de nouvelles constellations, et j’essaierai encore une fois de trouver mon point-milieu, de trouver la route que je dois emprunter pour inventer de nouvelles couleurs, pour créer de nouveaux feux d’artifices qui me feront imploser jusqu’à ce que je me perde comme la première tulipe du printemps. Si je ne la trouve pas, je l’inventerai. J’irai creuser jusqu’au bout du monde s’il le faut. Je déplacerai les Alpes juste pour voir si mon trésor se cache en-dessous. Je me perdrai aussi longtemps qu’il sera nécessaire avant de me trouver.

Les fêtes, c’est le temps de l’année où nos guerre sont en berne, où on lève nos drapeaux blancs, où on prend une pause; une pause de nous, et de tout ce qui nous lie à l’amertume. C’est le temps des projets. Des petits, des plus grands, de tout ce qui peut nous apporter son lot de palpitations cardiaques. C’est le temps de l’année où on rentre à la maison, où on s’excuse de ne pas être rentré plus souvent, de ne pas être rentré avant. C’est aussi le moment où on réalise qu’on vieillit, qu’on n’a plus 8 ans, qu’on ne croit plus au Père Noël, et que mamie nous répète les mêmes choses de plus en plus souvent.

Nous réalisons que nous sommes entrés dans le TGV sans s’en apercevoir, et que ça va vite (beaucoup plus vite que le métro de la STM en tout cas). Ça fait peur aussi, quand t’as l’impression que malgré tes tours de piste, t’es toujours au même endroit, perdu dans un labyrinthe d’idées, de rêves et de désirs. Quand t’as l’impression que les portes coincées et les pannes sont de moins en moins permises, car le temps file plus vite que les choix et décisions que tu prends, et surtout, que tu assumes sans vouloir revenir en arrière comme si t’étais en selle sur le vélo que tu avais à 7 ans; celui qui reculait dans le beurre, qui ne reculait pas, en fait. Celui avec lequel on n’avait pas le choix d’aller vers l’avant.

C’est chanter Forever Young de Beyonce et Jay-Z en regardant sa moitié.

C’est l’occasion de se souvenir de la personne que l’on est, c’est prendre cinq minutes pour y penser. C’est mettre la vie sur pause, et se demander si ce que nous sommes correspond à ce que nous voulons être. C’est se farfouiller l’intérieur, c’est dialoguer avec soi-même, c’est parfois même essuyer le trop plein d’eau qui coule à la lisère de son regard parce qu’on réalise des trucs. C’est sentir ses ailes repousser, c’est se souvenir qu’on avait oublié qu’elles s’étaient brisées quelque part dans un fragment du dernier espace-temps. C’est effleurer ses cicatrices sur la pointe des pieds, dans un silence serein, et ne plus les trouver repoussantes; c’est ne plus chercher à les cacher sous une épaisse couche de honte, au contraire. C’est soudainement avoir envie de les afficher et de montrer au monde entier par quoi on est passé. C’est passer devant une glace et se lancer le plus beau sourire du monde.

C’est regarder ceux qu’on aime dans un visuel au ralentit. C’est les regarder rire jusqu’à avoir les yeux ridés de bonheur, c’est partager un repas, ce sont des mains qui se réchauffent en se prenant, c’est combler les espaces vides. C’est avoir mal aux joues tellement nos dents veulent éclater de « J’me sens bien, làlà, en ce moment précis, et je m’en rends compte ». C’est avoir un sourire qui nous fait mal de sincérité, qui nous fait mal, car il fend notre visage de gauche à droite. C’est avoir une surdose d’énergie et faire des jumping jack jusqu’à temps qu’une colonie de fourmis s’incruste dans nos pattes. C’est se faire donner un bout d’espoir vierge par le destin.

Je ne sais pas ce que je me souhaite pour l’année à venir. Je crois que je me souhaite la liberté, ou du moins, une part de liberté. Une vie dans laquelle je serai un peu moins perméable aux regards extérieurs, une vie dans laquelle ma confiance ne sera plus si liée à la quantité d’attention reçue. Je me souhaite un livre à colorier dans lequel seul mon dessin sera suffisant. Et c’est ce que je vous souhaite aussi, d’être assez. Pas parce que les autres vous dises que vous l’êtes, assez, mais parce que vous vous aimez assez pour le croire.

Et collectivement, je nous souhaite de nous juger un peu moins, et de nous aimer un peu plus.

[Source de l’image : Correfoc FM del Vendrell 2014 par Calafellvalo]

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