À toi qui prends ton ex pour une amie

J’ai pensé à toi, ce midi, en ouvrant mon biscuit chinois. Je repensais à cette rupture que tu vis, et j’aurais aimé que cette fortune te soit adressée.

Une rupture, ce n’est jamais vraiment facile. En fait, peut-être que tout ce qui touche l’amour ce n’est pas fait pour être simple. Peut-être que même si on essaie de faire des schémas tout construits et prévisibles de ce que devrait être une relation ou une rupture, il y a autant de manières de les vivre qu’il y a de cœurs qui pompent du rêve sur cette planète. Peut-être qu’il faut juste accepter qu’un sentiment si puissant est aussi imprévisible et irrationnel…

Toujours est-il que les ruptures, ce n’est jamais vraiment évident. Certaines sont plus faciles, parce qu’elles rassemblent tout ce qui allait de travers et qu’à continuer, il y aurait probablement eu un mort. La routine, c’étaient les engueulades, les crises de jalousie, l’évitement, les cachotteries, les reproches, la tromperie et tout le reste qui déchire ce qu’il y a de plus beau à construire entre deux désireux ayant déjà été amoureux et complices. D’autres, plus complexes, sont plus difficiles, plus longues, plus floues et peut-être moins souhaitables, parce que… tu sais pourquoi.

Dans ces dynamiques-là, la fin s’est faite en mettant dans la soupe des rations doubles de tiraillements, de doutes et d’hésitations. C’est comme trop doux. Il n’y a pas vraiment de grandes discordes, de grosses querelles, de grandes chicanes. Ce n’était pas toujours rose, mais c’était quand même plus que ce que vous auriez imaginé. Des larmes, des regrets, de l’écoute et de la compréhension. Des « je comprends » espacés par ces reniflements égouttant la douleur de la fin, le tout clos par l’endroit le plus confortable du monde, bien serrés dans vos bras. C’est ce qui a marqué votre fin. Ce qui a uni existe encore, et il y a une sorte de crainte de le perdre, de ne ne jamais le retrouver ailleurs dans une combinaison semblable, dans cette recette quasiment parfaite; sa présence rassurante, sa douceur, son écoute, sa folie qui te plaquait systématiquement un sourire au visage, sa fragilité qui te rendait spontanément si important et j’en passe assurément une liste très longue. Le doute de la laisser aller s’est installé parce que tu sais ce que tu as à abandonner. Le doute s’est installé, parce que tu sais que c’est ce qu’il y a de mieux qui te soit arrivé. Le doute s’est installé parce qu’elle savait, elle aussi, toujours, tout simplement. C’est plus une sorte de rupture logique, parce que certains trucs ne sont pas tombés pile-poil comme vous l’auriez souhaité.

Peur? Pattern? Mauvais timing? Feu de paille? Je vais laisser ton psy y répondre…

Toujours est-il que tu as encore envie d’être là pour elle, sans trop savoir comment. Elle compte plus que les autres pour toi, peu importe ce qui est arrivé, sans trop comprendre pourquoi. C’est peut-être la raison pour laquelle tu ressens encore cette envie de passer du temps avec elle, que son bonheur t’importe encore. Quand tu fermes les yeux, tu y penses encore pas mal souvent. Ça te tiraille, tu ne veux pas la blesser, lui faire de peine. Tu sais qu’elle était la seule à toujours être derrière toi peu importe ce qui arrivait. Tu n’as même pas encore changé la sonnerie spéciale que tu avais choisie le lendemain de votre premier french pour savoir que c’est elle qui voulait te parler… Pour ne pas lui écrire, tu dois te retenir… Pour ne plus y penser, tu dois t’étourdir… quand elle te questionne, il t’arrive même de lui mentir. Mais au fond de toi, tu as cette envie de la revoir, mais tu crains de lui faire plus mal qu’autre chose, de scrapper ce qui garde en vie votre pseudo-relation-floue et de finir par te faire priver de ce privilège de passer du temps d’une qualité unique avec elle. Elle te travaille peut-être plus que tu ne le crois, tu ne trouves pas?

Et au diable, l’instant d’un coup de tête, tu fonces. Tu tasses toutes ces retenues parce que tu sais qu’au fond, tu te prives de passer un sacré bon moment. Et tu sais que tu as eu raison de laisser libre cours à ce coup de tête, parce que tu m’en parles aujourd’hui, un peu gêné, mais tu souris! Grand fou, tu m’as même avoué :

« Imagine-toi donc qu’elle m’a aidé à choker une date que j’étais censé avoir! »

Elle a dû sourire, simplement parce qu’avec cet aveu, tu as réanimé Monsieur Complicité. Vous faites une belle équipe, tu sais? Je vous imagine que trop bien remplacer, l’espace d’une journée, cette distance créée par vos peurs respectives, par un retour à ce qui fait que vous avez apprécié passer tout ce temps ensemble. Je vous imagine inventer une histoire pour justifier ton absence à cette date, qui te convenait plus ou moins. Je vous imagine travailler ensemble pour tuer ce malaise que tu as ressenti avant de lui avouer ce rendez-vous avec une inconnue pour renouer avec ce je ne sais quoi qui vous a toujours unis. Tu me jurerais ne pas l’avoir embrassée après, à la fin de cette belle follerie, que je ne te croirais pas. Je ne te croirais tout simplement pas parce que, je vais te le dire, il y a des choses qui ne se détruiront jamais entre deux personnes qui savent vibrer ensemble et que même le temps n’arrivera pas à faire oublier.

Il y a des questions de timing, il y a aussi des réponses de patience. Parce qu’il y aura toujours des questions sans réponses, parce que tout n’est pas fait pour disparaître, mon biscuit chinois disait :

« Celui qui sait faire confiance marchera le cœur léger. »

 

Oli.

[Source de l’image : Biscuits chinois par Simon Law]

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