Ton maudit texto

Ton maudit texto, je l’ai attendu. J’ai gardé mon cellulaire près de moi, quitte à ce que les ondes cellulaires me traversent le corps, pour ne pas manquer son vuut vuut. Après deux minutes d’attente, ne voyant pas de réponse de ta part, j’ai commencé à vérifier que j’avais bien appuyé sur envoyer, si c’était le bon destinataire, si le réseau n’avait pas lâché, si les astres étaient bien alignés, si mon signe astrologique était toujours le Scorpion, si j’avais encore tous mes cheveux et surtout, si mon cœur battait toujours. J’ai fini par me ressaisir et lâcher prise en me disant que tu étais occupé, que tu étais avec des amis, que tu n’avais pas senti ton cellulaire vibrer, que tu t’étais fait kidnapper par des zombies ou simplement, que tu t’étais endormi. J’ai même fini par accuser mon cellulaire de ne pas avoir fait sa job comme il faut et qu’il méritait de faire un tour sur le banc de punitions.

Évidemment, j’ai mis cela sur mon dos. En me disant que je n’aurais pas dû envoyer ce message. Qu’il aura fallu de peu que je passe pour une cinglée. Que dans ce moment d’un « début de peut-être que », je ne voulais pas que ça arrive. J’voulais pas que ça arrive que tu laisses mon message texte en suspens et que tu me laisses le temps de croire que j’en valais déjà plus la peine. Que dans ce début de quelque chose, j’aurais déjà failli à ma tâche par ces quelques phrases lancées dans l’univers.

***

Ton maudit texto, j’en voulais pas. J’aurais voulu lancer mon cellulaire au bout de la pièce pour qu’il s’éclate en morceaux et par le fait même qu’il oublie qu’il ait reçu un message texte de ta part. Après deux minutes d’attente, ne t’envoyant toujours pas de réponse, j’ai commencé à repenser à tout ce que son destinateur me faisait revivre à l’intérieur de ma tête et, si j’étais vraiment la bonne destinatrice, si ma vision était vraiment adéquate et surtout, si mon cœur battait toujours. J’ai fini par me ressaisir et lâcher prise en me disant que tu ne valais pas la peine que je me mette dans cet état, que j’avais une entrevue à passer à l’instant et que ça valait donc mieux que je me concentre là-dessus et que tu m’avais uniquement envoyé ce message texte comme ultime arme pour me déstabiliser.

Évidemment, j’ai mis cela sur ton dos. En me disant que tu n’aurais pas dû envoyer ce message. Que tu passais pour un cinglé, un loser sans orgueil. Que dans ce moment de « ça fait trois ans qu’on se parle plus », je ne voulais pas que ça arrive. Je voulais pas que ça arrive que tu me laisses un message texte. Que dans cette absence prolongée tu crois que ces quelques phrases lancées dans l’univers me feraient revenir vers toi.

 

[Source de l’image : Pixabay]

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