Je suis assis sur un divan. Sur ma poitrine, la tête de la fille que j’aime. On regarde la télé. Et on est bien. On est confortables. Enfin. Oui, oui! On est bien, seuls au monde, dans ce moment banal. Ce moment est un fort tranquille. Un moment d’arrêt dans nos vies tumultueuses.
Une soirée comme celle-là, c’est agréable. Une autre au hasard aussi. Écouter ensemble « notre » série sur Netflix. S’attendre impatiemment pour la regarder. Et pas nécessairement avoir hâte de la regarder pour ce qu’elle est, mais bien avoir hâte de partager ce moment avec la personne qu’on aime. Tout simplement. Et recommencer. Et encore. Et encore. Et encore…
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Je suis assis sur un divan. Sur ma poitrine, la tête de la fille que j’aime. La télé est allumée. Mais rien ne bouge. Sa tête ne fait pas que reposer contre ma poitrine, elle s’y est calcifiée. Nos corps se sont fusionnés l’un à l’autre et aux coussins du divan. Nous y sommes enracinés, immobiles. Nos bouches sont ouvertes, béantes. Nos yeux autrefois amoureux sont maintenant vides et blancs, fixant le vide de la télé dont la lumière bleutée nous fouette le visage à intermittence. Des cadavres enlacés. Glacés. Deux cellulaires remplis d’invitations textos d’amis qui se sont découragés de tenter de nous ramener à la vie.
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Pourquoi cette image est-elle si effroyable? Pourquoi s’engager dans un couple devrait nécessairement mener à notre momification dans les habitudes ennuyeuses et la routine dénuée de surprises et d’aventures imprévues? Et pourquoi la perspective de ces petits moments de confort est-elle aussi effrayante?
J’ai déjà entendu une amie constamment sur le party et à la recherche perpétuelle de sensations fortes affirmer haut et fort, à mon grand étonnement, que ces petites soirées confortables de couple était précisément ce qu’elle souhaitait d’une éventuelle relation amoureuse. J’en étais stupéfait. Parce qu’en général, ce que j’entends, et avec raison, c’est : « Rester à la maison sans rien faire d’autre que de regarder la tivi pour la NUIT DES TEMPS, AU SECOURS! »
Mais bon sens, j’ose croire que l’engagement peut revêtir d’autres apparats! Alors si comme moi, petite bête apeurée dans ce vaste monde de l’amour, vous avez peur de l’engagement, peut-être vous reconnaîtrez-vous dans cette petite liste de ce que cette peur peut évoquer :
- La perspective de rester pris avec une seule personne pour l’ÉTERNITÉ (AAaaaaaaaaah!!!);
- Devenir une personne sage et « plate » (babye les sorties, les partys, les folies imprévues, bonjour la flopée de soirées « éffouerrage-cocooning » bouffés par le sofa du salon);
- Ne plus avoir de temps pour soi, devoir se perdre dans les infinis méandres des compromis;
- Ne plus connaître que le corps de l’être aimé, ne JAMAIS PLUS fourrailler comme une bête au hasard de nos désirs indomptables.
La bonne nouvelle, c’est que ENGAGEMENT n’est pas obligé de rimer avec PRISON (anyway, ça rime même pas pour vrai…)
–On n’est pas obligé de se bâdrer de la vision de l’éternité. C’est ben cute et romantique, mais tout ce que ça nous provoque, c’est des crises de panique ou une fausse impression de posséder l’autre dans le temps. C’EST NON! Aimer, c’est beau dans le moment présent, pas dans une perspective de possession de l’âme de l’autre. Quelle horrible idée. Arrêtons de nous faire peur avec ce qui n’existe pas.
–On peut continuer à être un dégourdi de la vie! On peut développer une certaine forme de confort aventurier! C’est difficile parfois tout seul de se sortir de notre bulle de confort, ça l’est tout autant à deux. Il arrive que ça prenne un EFFORT commun pour se désencrasser de la routine et se surprendre. C’est un cliché, mais il n’existe pas pour rien!
–Se permettre de prendre du temps pour soi, dans des activités qui nous sont propres, cultiver notre curiosité sans attendre après l’autre, se faire le cadeau de ne pas dépendre de l’autre dans certains aspects clés de notre vie. Et offrir à l’autre le cadeau de le laisser s’épanouir en dehors de nous. Ça donne de l’espace pour chacun de se redécouvrir et de développer de nouveaux aspects de notre personnalité qui pourraient nous surprendre.
–Et pour le point de nos appels charnels insoutenables, que le sexe soit encore torride ou non avec notre partenaire, ça c’est un tout autre sujet. Plusieurs disent que l’on peut développer une sexualité plus profonde avec le temps, d’autres la voit se faner tristement… d’autres ont exploré ce chemin avant moi, je leur laisse donc ce loisir, mais il est possible de s’aventurer hors des sentiers battus, le couple ouvert, les aventures, tenter de nouvelles pratiques… à vous de vous amuser.
Évidemment, la complexité derrière la peur de l’engagement ne se règle pas aussi simplement, mais j’espère que vous y trouverez quelques pistes de solutions! On se tient au courant, voir si ça aide…
[Source de l’image: Pexels]