Je ne suis pas en amour

Les mains dans les poches, je marche au travers de la ville. De longues heures. J’erre. La perspective de ce moment à venir. La déception. L’abandon. Le doute.

Je ne suis pas en amour.

Je suis confortable. Je passe de bons moments. Je meurs peu à peu, à mon insu. Est-ce un jeu? Une lutte désespérée contre moi-même? Je veux y croire. Je veux que ça fonctionne. Mais vivre contre son gré ça gruge lentement de l’intérieur. Sur papier, la vie est belle. En réalité, je me sens traqué. C’est que Noël arrive. Le grand bal des fêtes de famille. Mon malaise qui grandit. Je n’ai pas la force d’affronter tout ça une fois de plus. Pas la force des sourires faux. De l’enthousiasme feint. L’enveloppe rayonnante et le fond de l’oeil hurlant le désespoir. Je dois faire face à ce qui se trouve sous cette peur.

Je ne suis pas en amour.

Se convaincre. Dessiner les contours d’un amour à venir. Y croire. Y croire ardemment. Désespérément. La panique qui grandit. La panique contre laquelle je lutte. Non. Je veux être amoureux. Je peux décider. Je peux choisir ça. Je peux accueillir cette fille qui n’a que la grandeur de son amour à m’offrir, sans filet, sans détours, sans concessions. J’aimerais tant y croire. J’aimerais tant. Se mentir… habilement. Encore et encore. En croyant sincèrement faire la bonne chose. En luttant. En tentant de se vaincre soi-même.

Mais non. Non je ne suis pas prêt. Pas prêt à être en couple. Pas prêt à partager mon intimité avec une seule personne. Je veux croire que c’est possible. Je veux croire à l’éternel. Je veux croire à la grande force de l’amour sur la durée. Mais tout me prouve le contraire.

Avoir la force et le courage d’être en harmonie avec moi-même. Lutter contre cette envie et cette chimère du bonheur du couple. Prendre une longue pause. Oui. Assumer les histoires courtes. Assumer de ne pas vouloir de ces formalités. Je pourrais mettre cela sur le compte de la peur de l’engagement. Je pourrais. Ce serait de la mauvaise psychologie. Quand ce n’est pas la bonne, ce n’est pas la bonne. Ce qui compte c’est ce que nous avons vécu quand nous l’avons vécu. Les partages. Les apprentissages. Ça c’était vrai. Ça le restera. La découverte de l’autre. Les moments doux. Les moments intimes. Présentement, la douleur de les savoir passés. La douleur fraîche de la blessure fraîche. Je le sais. Je la connais. Elle se refermera, elle guérira, cette blessure. Avec le temps. Pour toi et pour moi. Merci d’avoir essayé. Merci d’y avoir cru. Merci pour le saut dans le vide. Merci pour ces moments partagés.

 

[Source de l’image: Unsplash]

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