À toi qui rêvais secrètement à la fée des étoiles…

Tu t’es réveillé un matin de fin novembre, amusé par cette petite neige qui couvrait le sol en te disant qu’enfin, la magie de Noël allait pouvoir opérer. Le célibat, tu en avais fait le tour depuis un bon bout de temps maintenant. Les matins étaient rendus un peu plus frisquets, même sous les couvertures. Ces petits frissons se relayaient pour te rappeler que tu t’étais encore réveillé sans complice à côté de toi. Un autre matin à te demander ça servait à quoi d’avoir un lit queen si t’étais pour rester seul, à te demander si ton tour allait venir. Un autre lever de soleil et tant de questions : allais-tu finir par la rencontrer ta fée des étoiles, la vraie là, pas une imitation « cheap » de centre d’achats, qui fait ça pour arrondir ses fins de mois, se moquant un peu du rôle qu’elle doit jouer, ne rêvant que de sa pause cigarette à chaque enfant qui s’avance sur le tapis du père Noël, dans cet univers de surconsommation. Décembre n’était même pas arrivé et déjà, il réussissait à te faire angoisser avec tous les partys, avec toute cette joie à partager seul avec ton oreiller, envahi par tous les jugements de tous ces gens un brin éméchés par l’alcool qui allaient croiser ton chemin : « Serait temps que tu t’y mettes mon chum, pour pas rester tout seul le reste de ta vie… »

Mais au fond de toi tu es un fonceur, un gars qui n’abandonne pas malgré les cicatrices laissées par tous ces coups que tu as encaissés au fil des ans. Chaque soir, tu fermais les yeux et tu rêvais encore et encore secrètement à ta fée des étoiles, à cette fille qui allait tout changer sans rien changer, d’une complexité et d’une simplicité inimaginables. Cette fille qui jumellerait à merveille le noir et le blanc dans une symphonie presque parfaite. Tu y rêvais même si autour de toi, même tes amis les plus chers avaient presque perdu l’espoir que ça puisse être possible, te voyant errer d’une fille à l’autre, incapable de te fixer. Trop ci, trop ça, pas assez de ça et ça continuait encore. C’était devenu aussi probable que de rencontrer un lutin du père Noël un 24 au soir à la messe de minuit, un peu paqueté après s’être affairé à construire tous ces jouets de Noël. Ce n’était pas une question de « veux veux pas », mais tu n’arrivais pas à leur expliquer, toi aussi épuisé de répéter en boucle que tu savais ce que tu cherchais, que tu y croyais à ce « clic » qui allait rallumer ton cœur endolori et endormi par tes histoires passées.

Tu t’es donc lancé dans ta rumba du temps des Fêtes sans préparatif précis parce que toi, tu fonces et tu réfléchis après. Question de changer le mal de place, tu procrastinais un peu ton projet le plus précieux en t’occupant de ta liste de projets et en t’étourdissant avec toutes les dépenses que ça allait générer. Mais ta vraie liste, ta liste secrète, n’était pas celle que tu allais envoyer à toutes tes « matantes » pour la grosse veillée familiale, c’était celle que tu gardais tout près de toi, bien collée au chaud sur ta poitrine. Tel un chasseur aguerri, tu résistais de ton mieux contre le cynisme pour ne pas passer à côté de l’occasion de finalement la croiser cette perle rare.

Tu t’es cloisonné derrière dans ta cache, sous un amas de camouflage qui ne laisse rien paraître de tous tes soucis. Je te comprends, ce n’est pas évident d’être le gars qui donne, qui comprend, qui écoute, qui attend et qui, en fin de compte, se retrouve tout seul. Malgré toutes les avances du grincheux de l’amour, toi tu gardais espoir. Et tu as bien fait, regarde-toi aujourd’hui.

Un samedi soir sans attente, tu es sorti de chez toi et, contre toute attente, tu es tombé nez à nez avec la plus belle des fées. Même en rêve tu n’aurais pu l’imaginer si… si… Il n’y a pas vraiment de mot pour le décrire n’est-ce pas? Surprise, hésitation, confusion, emballement, rire, angoisse dansaient la ribambelle dans tes tripes sans nécessairement avoir ton consentement. Qu’est-ce qui t’est arrivé? Tu le sais trop bien. Tu t’es fait foudroyer, en plein cœur, par ce que tu voulais, par ce que tu redoutais, par ce que tu espérais sans nécessairement y croire réellement. Assis près d’elle, dans un silence vous laissant le temps de vous dévorer des yeux, tu as cessé de penser, laissant les commandes à ton instinct, foncer et penser après. Et voilà comment tu t’es retrouvé les lèvres sur les siennes, créant ainsi le moment le plus vivant de ton année. Finalement. Elle a pris entre ses mains la liste que tu avais pris le temps de rédiger pour ne pas vivre une nouvelle histoire d’horreur, elle l’a doucement pliée en te chuchotant à l’oreille de ne pas t’en faire, qu’elle savait, qu’elle comprenait, qu’elle était maintenant là pour toi. Les mots se sont soudainement envolés. C’était irréel, encore mieux qu’en rêve.

Aujourd’hui, tu me dis que ce n’est quand même pas facile de vivre tout ça. Ce n’est pas facile parce que tes peurs passées ont laissé place à certaines craintes que tu n’as pas eues à vivre depuis plusieurs années. Les peurs d’être blessé et d’être trahi t’ont laissé tranquille; c’est la peur de la perdre qui sillonne maintenant tes pensées. C’est un peu normal, tu sais? Garde la tête haute, ferme les yeux et profite de chaque moment avec ta fée des étoiles, profite de la magie. C’est tout mérité mon cher, et tu ne le sais que trop bien.

Je te souhaite le meilleur des contes,

Oli.

 

[Source de l’image :merry christmas par unbekannt270]

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