Tu partais en voyage.
On t’avait souhaité que ça soit le fun. On t’avait dit que tu rencontrerais des gens merveilleux à la tonne. On t’avait prévenue que le monde virait wild. On t’avait suggéré de rester sage de temps en temps. T’écoutais ça naïvement en ne t’attendant à rien mais en te permettant tout en même temps.
Sauf que personne t’avait parlé des p’tits amours de voyage pas trop comme dans les films, mais presque, avec le romantisme downgradé d’une couple d’échelons comparé au setup du scénario de Roméo. C’était inattendu… si au moins t’avais su. C’était téméraire, mais après tout, c’est ça qui rend la chose tabou. Tout le monde sait que c’est éphémère, temporaire et que t’en garderas un souvenir bon mais amer. Tu closes ça avec des adieux tristes pis tu repars avec pas grand-chose d’autre qu’un p’tit sourire tannant à travers la foule de l’aéroport pis le chest beat du loup de wall street en trame sonore. Pis quand tu reviens, le monde n’en reparlera pas. C’est pour ça qu’avant de partir, tu t’en doutais pas. Ça a l’air qu’on parle pas de ces choses-là, c’est comme ça.
Mais t’embarques dans le bateau. Tu plonges à l’eau pis tu trouves ça beau. Pis t’es tombée all-in dedans à part de ça. Parce qu’à l’autre bout du monde, entre un rhum and coke, une cerveza et un morceau de poulet-pas-mangeable du buffet, t’as pas d’autres choix que de te laisser aller en disant que finalement, on s’en crisse de tout ce qu’on fait, y a personne qui nous connaît. Tu joues avec le feu pis tu le sais. Ça vous allume encore plus pis c’est parfait. T’en profites en sachant que ça va passer vite.
Ils avaient raison tous ces gens. Là-bas y a un p’tit quelque chose qui te laisse pas de chance. Le mood vacances. Le monde est wild ça a pas de sens. Pis on était jeunes et naïfs sans bon sens. On avait soif d’alcool, soif de vivre, soif l’un de l’autre. On était beaux, on était saouls, on était bin.
Fake finalement, je me demande c’est quoi le plus tabou entre ce qu’on a vécu, ou le fait qu’on se soit connus parce que je t’ai renversé ta bière dessus.
Je te signe ça Stéphanie avant minuit.
Bye-là.
Ou peut-être adieu.
Ça dépend de nous deux.
De ce qu’on veut.
[Source de l’image : Olympius E-M5 par DariuszSankowski]