J’attends un texto de toi

J’attends un texto.

Un foutu texto. Pas mille, pas douze, UN. De toi. Tsé toi qui me donnais des nouvelles aux heures. Avant. Qui m’écrivais pour me raconter vraiment n’importe quel détail de ta journée. Pis là, maintenant que j’suis accro à toi, que j’ai envie de tout savoir de toi, pu rien. T’existes comme même pu. Pis j’attends comme un cave que tu me fasses signe. J’ai fait les premiers pas, mais recevoir une réponse de deux mots quand t’en écrivais cinquante avant, je comprends que ça te tentait un peu moyen de me répondre. J’ose même m’imaginer que tu soupires quand je t’écris. C’est maintenant ça ta réponse; un soupir.

J’attends comme si ma vie en dépendait. Je regarde aux trois minutes si j’ai des nouvelles de toi. Pour voir aux trois minutes que non. Drette pas. Et je te confirme que des trois minutes dans une journée, y’en a beaucoup. Pis ça me fend le coeur de voir que pourtant t’es « En ligne » sur Facebook. Je dois être moins important que de lire les mille statuts de tes mille amis. J’suis de l’acquis et être acquis, c’est pas tellement toujours très positif. Ça peut vouloir dire que j’suis la porte de sortie qui sera toujours là, même si t’as mis le feu à la baraque. Tsé, un genre de bouche trou en bon québécois.

J’me sens pire qu’un bouche trou. J’me sens comme un bouche Grand Canyon tellement le trou est gros. Un bouche vie. Un j’remplis ta vie quand tu la trouves trop vide.

Le pire dans tout ça c’est que je n’ai aucune idée de la raison pour laquelle j’suis passé de « J’ai hâte de te revoir » à pu-rien-pantoute.  J’sais même pas si c’est quelque chose que j’ai dit, que j’ai fait, que j’ai pas dit, que j’ai pas fait, que j’ai trop dit, que j’ai trop fait, bref, c’est pas si drôle laisser quelqu’un en suspend. Des fois, vaut mieux avoir de la peine en écoutant des mots même si c’est pas ceux que tu veux entendre. C’est mieux ça que d’imaginer à quel point on est rejeté pour même pas mériter un « finalement t’es pu à mon goût ».

Ce soir, j’suis assez cave pour t’attendre. Attendre un mot, une phrase, un émoticône. J’me contenterais même d’un « J’veux pas te parler désolé ». Mais c’est la dernière fois. Faut que j’me respecte, moi, et les doutes envers moi-même que tu créer par ton silence. Pis me respecter ça veut dire un beau gros VA CHI** ! Arrange-toi avec ton je-sais-pu-ce-que-je-veux et tes mensonges sexy. J’aime pas ça être pas gentil mais j’te souhaite qu’un jour, tu tripes vraiment beaucoup sur un gars. Que t’aimes son humour, sa personnalité et sa shape pas parfaite mais presque trop belle pour avoir le droit d’y toucher. J’te souhaite de te perdre dans ses yeux, pis ses sourires. De vouloir en fond d’écran ses yeux qui te regardent avant de te faire l’amour. De sentir son parfum même dans une cantine remplie d’odeur à patates frites. Et quand tu seras vraiment convaincue de vouloir y croire, qu’il te donne pu jamais de nouvelles. Oups.

C’est chien, je sais. La vengeance c’est pas beau. Le karma et bla-bla-bla. Mais j’ai zéro demandé à ce que tu me fasses croire que j’étais intéressant. C’est blessant de se sentir comme un parmi tant d’autres. Un jour, tu le sauras. Ou tu le fais parce que tu te l’ai fait faire. Peu importe, il n’existe aucune bonne raison pour ne pas donner signe de vie à un humain qui t’a clairement déjà dit t’apprécier.

Souviens-toi toutes les fois où t’as cherché fort dans ta liste de pseudo amis Facebook quelqu’un qui pourrait t’écouter pleurer un samedi soir et non te baiser. Quelqu’un qui pourrait te regarder chialer sans juger toutes les conneries que tu dis parce que t’es trop fâchée. Quand parmi les sept milliards d’humains sur terre y’a quelqu’un qui te dit t’apprécier, toi, la moindre des choses c’est de lui dire si un jour tu veux pu qu’il t’apprécie. T’as le droit à ça, mais t’as pas le droit de laisser aller en te disant qu’il va comprendre le message.

Parce que le silence ça met du lourd. Ça oblige la tête à trouver des mots pour expliquer le vide. Le vide de pas savoir. De pas comprendre. À la limite ça me ferait du bien de savoir que tu me trouves laid, cave et que je fais mal l’amour.  Ça ferait moins mal que d’me dire que j’vaux tellement rien d’autre qu’un silence. Qu’un rien pantoute.

J’attends un texto. Comme d’autres attendent une bouteille à la mer. Désespérément. En sachant très bien que ça viendra pas. Malgré les vagues. Sur l’eau pis dans le coeur.

[Source de l’image :  Message in a bottle par Susanne Nilsson]

7 Comments

  • Marie-Andrée dit :

    Juste wow! Magnifique et bien écrit!

  • Marie dit :

    merci … c’est incroyable ce moment. Ce moment dans lequel quelqu’un qui ne me connais pas nomme exactement les mots qu’il me faut. merci

  • Katerine dit :

    “J’me sens pire qu’un bouche trou. J’me sens comme un bouche Grand Canyon tellement le trou est gros. Un bouche vie. Un j’remplis ta vie quand tu la trouves trop vide.”

    Ta façon de jouer avec les mots/expressions me fait énormément de bien. C’est beau s’que tu écris, continue m’sieur Lemieux 🙂

  • Sara Semal dit :

    Tout le monde a déjà vécu ça, et ça fait du bien de voir quelqu’un qui l’exprime si bien. Maudit que c’est déstabilisant de ne pas comprendre ” pourquoi ”. Je ne sais juste pas si ça serait plus agréable de se le faire dire en pleine face !

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