Je me pardonnerai

Des cons, des pas fins, j’en ai connu. Trop pour garder mon cœur indemne, trop pour avancer sans laisser de traces de mon cœur brisé derrière moi.

On m’a souvent dit qu’il fallait pardonner. Soit. Mais ce que j’ai eu beaucoup de difficulté à comprendre, c’est qu’on me dise que je devais me pardonner à moi. Comment ça, à moi? Comme si ça m’accusait, comme si la faute m’appartenait. On est responsable de nos vies, de nos choix, j’en conviens. Mais quand le pas fin ment, triche, joue avec nos sentiments, dois-je vraiment prendre le blâme?

Quand on me disait de me pardonner, j’étais insultée. Comme si on refusait d’avouer le mal qu’ils avaient causé. Comme si je devais partager leurs responsabilités, leurs torts. Comme si j’avais couru après, comme si je l’avais mérité. Comme si j’aimais ça, moi, les tout croches, les pas gentils, ceux qui ne savent pas traiter une femme comme il se doit.

 

Et un jour, mon ego s’est tassé. Et un jour, j’ai compris.

Et un jour… je me pardonnerai.

J’ai compris que même si certains avaient manqué de classe, de respect, de savoir-vivre, de transparence, d’honnêteté, de considération… moi, je m’étais manqué d’amour propre. Je m’étais fait violence.

Violence en acceptant, violence en baissant la tête, violence en continuant d’aimer même si mon cœur était ensanglanté.

Ce n’est pas gentil de n’offrir que des restants, des miettes. Mais c’est un manque d’amour de soi de les accepter.

Je suis pourtant solide, forte, déterminée. Je suis une battante, une féministe, une persévérante. Mais je me dois de l’avouer : je me suis parfois laissée tomber.

Gabrielle Goulet nous chante « Je finis par m’habituer à me faire du mal et trouver ça normal. » Ouch!! C’est d’une tristesse infinie, mais c’est aussi d’une triste réalité. On veut être aimées, cajolées, respectées, mais on accepte l’inacceptable.

Être capable de dire non, même quand la tête dit oui. Continuer d’avancer, même quand on a envie de rester sur place. Avancer, sans regarder en arrière. Rester debout, même quand on a envie de ne plus se relever. S’aimer assez, se respecter assez, se faire assez confiance, pour refuser tout ce qui nous nuit, tout ce qui nous blesse. Prendre nos décisions en fonction de notre cœur, de notre âme, par amour et jamais par peur. Braver les insécurités, les incertitudes, ce que les autres peuvent penser. C’est tout un apprentissage que l’on doit faire, mais qui peut être un des plus grands salvateurs.

Se pardonner, comprendre, accepter qu’on a contribué à la tristesse, aux blessures accumulées. Non pas pour s’en vouloir, se taper dessus, se culpabiliser (on est donc bonne là-dedans!). Mais bien parce qu’on le mérite.

Pour se libérer, grandir, avancer.

Aujourd’hui, j’ai compris. Et bientôt, je me pardonnerai.

[Source de l’image: Pixabay]

1 Comment

  • Carherine-Ann Gingras dit :

    Exactement ce que j’avais besoin de lire maintenant avant de me coucher. Il faut que je le fasse pour moi. Se libérer pour ne pas rester pris éternellement dans la faute de l’autre.

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