À vos marques! Prêts? Tinder!

Il y a quelque temps, j’ai écrit un billet sur la difficulté à se retrouver réellement seul à seul avec une autre personne, car la plupart d’entre nous sont joignables 24/7, et ce, sur plusieurs plateformes numériques. Aujourd’hui, je renchéris, car j’ai récemment découvert l’application Yellow : l’union entre Tinder, le roi de la rencontre et Snapchat, le roi de la photo prise su’l fly. Quand tu lis la description, on te fait savoir que c’est l’application la plus « naturelle et le fun » qui soit (comme pour toutes les autres applications d’ailleurs). Quand tu swipes à droite, c’est pas juste un match auquel tu aspires où t’auras peut-être l’opportunité d’aller prendre un verre. Non, non, tu as maintenant accès au compte Snapchat de ton match pour recevoir ses photos et mêmes ses stories. Et oui, on est rendus là! Mais là n’est pas le point. Le point, c’est qu’en un clic, un filtre de plus s’installe entre nous. Les filtres s’imposent un à un jusqu’à oublier que de l’autre côté de l’écran se trouve aussi un être humain avec des émotions.

Des émotions qui lui font sentir les montagnes russes, la déception et l’amertume d’être un numéro parmi tant d’autres. Des émotions qu’il tente de protéger en rejetant l’autre. Que l’être humain se sente pris au piège par les réseaux sociaux, malheureusement, il me semble que cela va de soi, car ces derniers existent spécialement pour ça. Quelles sont les principales raisons pour lesquelles on utilise les réseaux sociaux? 1) Se mettre en valeur. 2) Stalker les gens. Et parce que je veux bien montrer ma bonne foi, je vais rajouter 3) Promouvoir sa compagnie ou promouvoir ses talents en photographie.

Mais la principale raison, c’est le numéro 1. Les réseaux servent à nous mettre en valeur, et c’est même pas un secret. Ils sont devenus un miroir déformant la réalité. Facebook, Instagram, Snapchat, Twitter servent à montrer ce que tu fais, où tu veux, quand tu veux. En un clic, tu montres à tous tes « amis » (incluant ceux que tu connais pas, mais qui sont abonnés à ton compte) que tu es aux FrancoFolies. Mais à combien de personnes auras-tu parlé pendant le show de Louis-Jean Cormier? Probablement quelques-unes… pour leur demander poliment de te laisser passer.

Chacun, à différentes intensités, peut se sentir pris au piège par les réseaux sociaux, en particulier sur les réseaux de rencontres alors qu’il se donne cœur et âme dans ce monde virtuel qu’il peut contrôler, anticiper, filtrer, afin de se donner l’air qu’il veut. Il en est désabusé, en dépit du fait qu’il embarque à fond dans cette ère de consommation. Parce que Tinder, Facebook, Instagram, Snapchat, Twitter (pour ne nommer que ceux-là) ne sont que le reflet d’une société individualiste. Ils participent à la consommation du vide, de l’accessibilité maladive et du narcissisme à son meilleur.

Au final, Tinder et les autres sont les grands gagnants. Ils nous font miroiter de nouvelles façons « amusantes » de rencontrer, et nous font croire que la bonne vieille méthode « lève ton nez de ton écran et pars à la rencontre d’autrui » est désuète. En plus d’être les grands gagnants, ils ont une bonne longueur d’avance. Ils en profitent pour te regarder souffrir et te laissent te démerder, chaque fois, sur la ligne de départ.

[Source de l’image : Pixabay]

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