La facilité

Pourquoi cela devient-il de plus en plus difficile de trouver chaussure à son pied?
Pourquoi à notre époque, où tous les choix sont à la portée, nous nous retrouvons seuls ou mal accompagnés?
Pourquoi doit-on se contenter de sourire à des blagues moroses alors qu’on voudrait rire à gorge déployée?
Pourquoi doit-on se contenter de conversations insipides, de regards fuyants, non complices?

Pourquoi est-ce que certains préfèrent la facilité?
Pourquoi faire croire à autrui et à soi-même qu’on est heureux dans cet enchaînement de rencontres insignifiantes et sans aucune stimulation intellectuelle?

Oui la stimulation intellectuelle, vous vous rappelez du concept?
Vous savez quand vous discutez avec quelqu’un et que votre cerveau fonctionne à plein régime? Que chaque pensée ou idée énoncée par l’autre vous interpelle et vous pousse à vous creuser les méninges? Que vous voulez garder le fil alors que vous essayez de rebondir à partir de son idée?

Et puis le mot flirter aussi, vous connaissez sûrement? Mais son usage est réduit qu’à l’emploi relatif au charnel. Nous avons oublié le pouvoir des regards, des mots écrits, murmurés ou à moitié dits.

Nous avons oublié les sourires au coin, l’électricité quand les mains se touchent malencontreusement.

Pourquoi se contente-t-on de demi-émotions? de terne? d’ordinaire ou même médiocre?

Pourquoi se contente-t-on d’amants qui ne restent pas la nuit? ou qui nous prennent pour des poupées gonflables?

Pourquoi se contente-t-on de se la jouer cool alors qu’on brûle d’impatience de savoir ce qu’il ressent pour nous et que la question de savoir votre statut vous brûle les lèvres?

Pourquoi se contente-t-on de gens pas présents? pas stimulants? pas affectueux? pas prêts? pas bon coups? pas matures?

A-t-on si peur?
Mais de quoi avons-nous peur au juste?
Nous sommes-nous posés la question?
Sûrement! À un moment ou un autre.
Seulement sommes-nous prêts à entendre les vraies réponses? Celles qu’on trouve en creusant un peu sous la surface?

Avons-nous si peur d’être seuls?
Avons-nous peur de l’échec? D’être déçus? D’avoir mal? De ressentir des choses?
Avons-nous besoin de remplir un vide? Voulons-nous échapper à la vacuité d’une existence monotone?
Est ce que nous nous sous-estimons? Fuyons-nous quelque chose en particulier? Pourquoi entraînons-nous les autres dans nos tourments et nos incertitudes?

La facilité

La facilité des étreintes éphémères, des pansements sur le cœur et le corps, les corps froids, les paroles vides…
Nous choisissons la facilité pour arriver à nos fins. Pourquoi? La raison est simple pourtant!

Nous sommes finalement juste humains. Nous avons malgré tout des besoins primaires, pas que charnels et pas que sexuels, mais un besoin d’être touchés, de toucher, de sentir l’autre, d’être écoutés, de sentir son intérêt.
Nous voulons que notre existence importe à quelqu’un, qu’une personne s’enquiert de notre journée, de nos besoins, de nos envies. Nous avons besoin de séduire, d’être séduits, besoin de savoir qu’on plaît, qu’on a ce pouvoir.
Nous voulons aussi sortir de notre quotidien, se sentir vivants, vivre quelque chose de plus intense, de plus fort, de presque divin.
Dans notre complexité et notre unicité, nous sommes quelque part tous pareils. Nous voulons et recherchons les mêmes choses.
Si on accordait plus de temps aux choses, si on s’écoutait un peu plus, avec l’humilité et le courage que ça demande, je crois que nous serions plus heureux.

 

[Source de l’image : Pixabay]

 

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