L’amour à la Disney World

J’ai discuté avec un humain récemment et j’me suis entendu avec moi-même par la suite pour m’avouer que l’amour, c’est pas si simple. Et pas si compliqué non plus. Des fois. J’te parle pas de l’amour du début, celui qui te fait sourire toutes les trois secondes. Celui où ce qui te gosse royalement dans la vraie vie ne te gosse même pas. Pas encore. Tsé.

J’te parle de l’amour, en couple. T’as beau pas le vouloir tout de suite l’appartement avec lui, vouloir être son amie et désirer très fort une vie totalement libre et quasi célibataire, tout en ayant vraiment beaucoup le désir d’le vouloir dans ton lit. Pis surtout tu veux être dans son coeur. Juste toi. Tu veux qu’il tripe sur d’autres filles, mais tu veux aussi qu’il n’y ait que toi.  Ben oui ! Tsé l’expression se créer un conte de fées, d’après moi, c’est pas mal ça. J’voudrais surtout pas la péter ta bulle, mais je n’ai jamais eu de preuve que ça existe. L’espèce de mélange de je-vis-en-célibataire-tout-en-étant-en-couple. Euh non, drette pas ! Ça existe peut-être dans un texte, une citation, un blogue mais pas dans la vie.

D’ailleurs, le sociologue en moi adore observer ça, les relations amoureuses. C’est troublant à quel point on désire même pas c’qu’on veut réellement. Voici quelques phrases sur les relations amoureuses que j’ai entendues au fil de mon beaucoup trop long célibat. Que j’ai tenté de mettre en beaux mots. Malgré le laid qu’ils disent.

L’amour, c’est se gosser juste assez pour pas trop être gossant.

L’amour, c’est de crier pas trop fort ta joie parce que même des cris de bonheur, ça reste des cris. Ça peut faire peur.

L’amour, c’est dire un « oui » qui veut dire « non », un « non » qui veut dire « oui », sans jamais oser un « peut-être ». Les « peut-être », ça tue l’amour.

L’amour, c’est la fidélité de la tête. Être fidèle de fantasmer sur ta voisine vraiment seulement dans ta tête.

L’amour, c’est supporter la sueur. De ton dos lorsqu’elle se colle longtemps. De ton front quand tu lui mens.

L’amour, c’est jamais désirer ta belle-soeur ou l’amie de ta blonde, et ce, même si t’as la bonne idée de l’inviter dans ton nouveau spa. Tu le sais comme moi que la défaite « ça va te faire du bien un p’tit tour dans le spa » sonne pas si vrai. Et tu te fous un peu que ça lui fasse du bien ou pas, en autant que tu vois le maillot de bain. Sur elle.

L’amour, c’est dire « oui ça te fait bien » même si dans ta tête tu réponds plutôt à la question de ta nouvelle collègue beaucoup trop sexy.

L’amour, c’est d’aller sur YouTube quand elle est dans la douche. C’est d’aller sur YouPorn quand elle prend un bain.

L’amour, le vrai, c’est faux de temps en temps. Ça fait mentir à l’occasion. L’amour, c’est beau si tu sais assez cacher le laid pour pas trop y penser. Pour faire comme si c’tait juste un statut Facebook dans ta tête, pas si vrai. J’le sais que c’est cool Disney World, mais c’est beau parce que tu as longtemps rêvé d’y aller avant d’y aller pour vrai. Tu l’as beaucoup désiré et attendu. Pis quand tu l’as vu, t’as capoté ta vie. Tu savais pas où regarder tellement que tu vivais du rêve. Ton rêve.  Mais vivrais-tu toujours à Disney World? Vivrais-tu toujours dans la pas-vraie-vie?

T’as le choix de vouloir te créer une belle histoire dans ta tête. De la désirer. Ça se peut que tu la vives pendant quelques semaines, comme un trip à Disney, mais un jour tu vas retrouver ta chambre et ton salon sans Mickey. Tu vas les cuisiner tes pâtes trop plates, trop seule, parce que t’as crié tout haut que ça te gosse le bonheur de toujours être deux. Parce que t’as donc le goût d’être célibataire et d’être en couple quand t’en as envie. Quand tu cherches trop ton rêve.

Faque vis ton tout-seul, et Mickey va revenir. Quand ça va lui tenter aussi. Quand il t’aura fait croire que Minnie, c’est juste une amie. Car en 2015, on veut de l’amour quand on en a envie. Quand ça gossera pas trop nos p’tites habitudes. Mais à trop vouloir vivre un rêve, ça se peut que tu vives jamais rien.

[Source de l’image :  The Little Mermaid par JeffChristiansen]