La pick-up line

« Moi, les canards, j’aime vraiment ça. J’en fais une fixation. »
Pouvez-vous croire que j’ai accroché un gars avec ça?
Si cette histoire-là m’a appris une chose, c’est bien de ne pas se fier aux apparences! [ … ]

Je te regardais au fond du bar. Ce n’était pas la première fois qu’on se croisait, mais je ne savais pas trop comment t’aborder. J’ai fini par attirer ton attention. En même temps, de mon côté c’est pas ben ben difficile; en général je ris fort, je parle fort et je prends de la place.

La cruise, ça n’a jamais été mon fort. Je ne trouve personne de mon goût et je l’assume complètement. Mais reste que, fallait que je te parle.

Je t’ai invité à danser, on s’est échangé des regards timides, des demi-sourires complices. La musique s’est arrêtée et t’as poussé le banc à côté de toi pour que je m’assois.

Pis on a jasé.
Demande-moi surtout pas de quoi. Blackout total.

Mais je t’ai parlé de canards. De même. Comme si ma vie en dépendait. Comme si mes temps libres étaient tous consacrés à l’ornithologie. Ça m’a pris un certain délai (probablement trop long) pour finalement te dire : « scuse-moi, je sais tellement pas pourquoi je te parle de ça! »

Gênée. C’est moi ça. Je fondais à vue d’œil. Pis j’avais un maudit sourire niaiseux d’étampé dans la face.
Pis le tien, fendu jusqu’aux oreilles. Tes grands yeux qui me fixaient. Y avait de quoi qui se passait. On le savait. Et ça se voyait. Les autres me l’ont dit. Parce qu’il paraît qu’on était beaux à voir.

Depuis ce soir-là, j’ai un air nono de collé au visage. Le bonheur qui me colle à la peau. Et ton corps collé au mien pour trouver le sommeil.

J’ai revu des canards l’autre jour, au lac. J’me suis arrêtée cinq minutes. Et j’ai pensé à toi.
C’est vrai que c’est beau en crisse.

[Source de l’image: Unsplash]

 

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